mercredi 13 janvier 2016

Les femmes d'Alger dans leur appartement, Eugène Delacroix

Eugène Delacroix (1798-1863), Femmes d'Alger dans leur appartement. © 2007 Musée du Louvre  Angèle Dequier

C'est beau ! C'est comme au temps d'Homère !
Le 11 janvier 1832, deux ans après la prise d'Alger, Delacroix, déjà célèbre pour la Barque de DanteLa mort de Sardanapale et La Liberté guidant le peuple, part pour le Maroc. Il accompagne Charles de Mornay chef de la mission envoyée par Louis-Philippe auprès de Moulay Abderrahmane. Le soutien du sultan à la résistance algérienne risquait de gêner la poursuite de la conquête de l'ouest par l'armée française. Au retour ils font escale à Alger. Aidé par l'ingénieur du port Poirel, selon Philippe Burty qui s'appuie sur les témoignages de Mornay et de Charles Cournault, Delacroix aurait réalisé son désir de pénétrer un harem musulman. Ce terme désigne la composante féminine de la famille dont l'accès, sauf accord ou intrusion, n'est pas toléré pour tout homme, y compris les proches, susceptible d'avoir des relations intimes avec elle. L'impasse sur les enfants qu'il a vus et sur le statut et l'état civil des personnages retenus, entretient l'ambiguïté.
Après une longue élaboration, il ne garde des femmes dessinées sur place que deux : Mouney Bensultane qui a posé deux fois dans des attitudes différentes, pour la figure voluptueusement accoudée à l'angle gauche face au spectateur et pour celle qui, assise en tailleur au centre, tourne le visage de trois-quart et converse sereinement avec sa  compagne de droite, Zera Bensultane. Le mystère plane sur ces femmes, soeurs, cousines ou épouses d'un même homme.
Sont-elles musulmanes? Leur nom arabe ne suffit pas pour l'affirmer. Le serouel que les juives n'ont pas vraiment adopté serait un argument plus valable ainsi que la formule cursive "Mohamed rassoul Allah" hâtivement inscrite sur le panneau chantourné en faïence bleu et blanc, mais n'est-ce pas un accessoire rapporté ? Dans Intérieur d'Alger, aquarelle du Louvre, sur le renforcement du mur à droite du miroir, il y a une vague esquisse desSandales du prophète, icône hagiographique et populaire, fréquente chez les notables musulmans mais a-t-elle un lien direct à sa visite ? Musée du Louvre



Merci, un très grand merci à Dsata !
***
arte

9 commentaires:

  1. Coucou,
    tres belle peinture...Vive l'Art!
    amities

    RépondreSupprimer
  2. superbe tableau intimiste .. la vidéo n'est pas accessible en suisse... bises

    RépondreSupprimer
  3. Grâce à toi, je fais escale dans un tableau que je découvre et vais poursuivre la route...

    RépondreSupprimer
  4. Oh mais c'est magnifique. Et le texte est intéressant. Merci!
    Kenza.
    https://caramelcaramelo.wordpress.com

    RépondreSupprimer
  5. Bonsoir ma chère Kenza, j'ai savouré chaque minute de cette étude de l'oeuvre! Merci pour ce partage extraordinaire qui nous permet de mieux appréhender la finesse de ces 2 versions des femmes d'Alger, bisous Karine

    RépondreSupprimer
  6. Un artiste immense et une toile qui nous transporte totalement dans un art de vivre ensemble, de partage, de langueur ... splendide ! Je t'embrasse fort ma douce Kenza

    RépondreSupprimer
  7. très bel article et peinture et joli site que je découvre, fort bien réalisé et au contenu passionnant. Bonne continuation. Bien cordialement

    RépondreSupprimer

«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard