Fernand Cormon (1845-1924), In Erwartung |
Quatrième de couverture
Psychotrope venu d’Orient, « découvert » par Marco
Polo qui le premier fit
mention de la «secte des hachichins », le cannabis fut tenu pour suspect, voire dangereux dès l’abord, et
interdit par décret sur injonction de Napoléon Bonaparte lors de la
campagne d’Egypte.
Mais au XIXe
siècle, la volonté de voyage et d’expérimentation prit de notables proportions.
Sous l’impulsion du docteur Moreau de Tours, se met en place l’éphémère mais
prestigieux Club des Hachichins qui réunit la fine fleur des arts et de la
littérature vers 1840 : Gautier, Dumas, Nerval, Baudelaire, Delacroix, et
passage éclair de Balzac, excusez du peu.
Finalement, après avoir goûté la peu recommandable
matière, et avoir relaté les étapes de ce qu’ils nomment alors leur « fantasia », les
écrivains se disperseront et le club disparaîtra.
C’est que, comme
l’explique Gautier, « le vrai littérateur n’a besoin que de ses rêves naturels, et il
n’aime pas que sa pensée subisse l’influence d’un agent quelconque. »
Puisqu’on vous le dit…
Extrait
GERARD DE NERVAL
VOYAGE EN ORIENT
III. Histoire du Calife Hakem
I. Le Hachische
Sur la rive droite du Nil, à quelque distance du port de
Fostat, où se trouvent les ruines du vieux Caire, non loin de la montagne du
Mokatam, qui domine la ville nouvelle, il y avait quelques temps après l’an 1000 des chrétiens, qui se rapporte au
quatrième siècle de l’hégire musulmane, un petit village habité en grande
partie par des gens de la secte des sabéens.
Des dernières maisons qui bordent le fleuve, on jouit d’une
vue charmante, le Nil enveloppe de ses flots caressants l’île de Rodda, qu’il a
l’air de soutenir comme une corbeille de fleurs qu’un esclave porterait dans
ses bras. Sur l’autre rive, on aperçoit Gizeh, et le soir, lorsque le soleil
vient de disparaître, les pyramides déchirent de leurs triangles gigantesques
la bande de brume violette du couchant. Les têtes des palmiers-doums, des
sycomores et des figuiers de Pharaon se détachent en noir sur ce fond clair.
Des troupeaux de buffles que semble garder de loin le sphinx, allongé dans la
plaine comme un chien en arrêt, descendent par longues files à l’abreuvoir, et
les lumières des pêcheurs piquent d’étoiles d’or l’ombre opaque des berges.
Au village des sabéens, l’endroit où l’on jouissait le
mieux de perspective était un okel aux blanches murailles entouré de
caroubiers, dont la terrasse avait le pied dans l’eau, et où toutes les nuits
les bateliers qui descendaient ou remontaient le Nil pouvaient voir trembloter
les veilleuses nageant dans des flaques d’huiles.
A travers les baies des arcades, un curieux placé dans
une cange au milieu du fleuve aurait aisément discerné dans l’intérieur de l’okel
les voyageurs et les habitués assis devant de petites tables sur des cages de
bois de palmier ou des divans recouverts de nattes, et se fût assurément étonné
de leur aspect étrange. Leurs gestes extravagants suivis d’une immobilité
stupide, les rires insensés, les cris inarticulés qui échappaient par instants
de leur poitrine, lui eussent fait deviner une de ces maisons où, bravant les défenses,
les infidèles vont s’enivrer de vin, de bouza (bière) ou de hachiche. Pimientos
Hello chère Kenza , intéressantes et fumantes découvertes .
RépondreSupprimerBises