dimanche 22 août 2010

Le goût des pépins de pomme, Katharina Hagena

William-Adolphe Bouguereau (1825-1905), Temptation
« Car le temps, en définitive, ne guérit toutes les blessures
qu'en s'alliant à l'oubli. »

  À la mort de Bertha, ses trois filles, Inga, Harriet et Christa, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l’Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu’elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n’envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu’elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l’entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l’histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes.

  Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l’oubli.
 
  Katharina Hagena est née en 1967. Spécialiste de l'oeuvre de Joyce, elle a enseigné la littérature anglaise et allemande au Trinity College, à Dublin, et à l'université de Hambourg, où elle vit toujours.
  Le goût des pépins de pommes, Der Geschmack von Appelkernen, traduit de l’allemand par Bernard Kreiss.
Anne Carrière Editions

Extrait
Au fur et à mesure que sa mémoire devenait plus courte, on lui coupa les cheveux plus court. Mais les mains de Bertha continuèrent, jusqu'à sa mort, à faire les gestes qui étaient ceux d'une femme aux cheveux longs.
  Puis vint le moment où ma grand-mère se mit à déambuler dans le jardin en pleine nuit. Cette habitude s'installa tandis qu'elle commençait à oublier le temps. Elle continuait à savoir lire l'heure, mais elle avait perdu la notion du temps. Au coeur de l'été, elle portait trois combinaisons l'une sur l'autre ainsi que des chaussettes de laine et devenait ensuite à moitié folle de rage parce qu'elle transpirait exagérément. A l'époque, elle n'avait pas encore oublié que les chaussettes se mettent aux pieds. Mais elle avait commencé à ne plus faire la différence entre le jour et la nuit. Elle se levait au milieu de la nuit et partait se promener. Auparavant, lorsque Hinnerk était encore en vie, il arrivait déjà à Bertha d'errer dans la maison à l'heure où tout le monde dormait. Elle le faisait parce que le sommeil la fuyait. Mais ultérieurement, elle se mit à déambuler dehors parce qu'il ne lui venait même plus à l'esprit qu'elle aurait dû dormir.

Une atmosphère légère, un roman tendre et agréable à lire.
Un grand coup de coeur pour ce goût des pépins de pomme,
dernière lecture pendant mes vacances londoniennes.

Khatarina Hagena, Photo © HENRIK SPOHLER

14 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé cette histoire. Quant il s'agit de maison de famille "je pars au quart de tour" la découvrir. Et ce fut une belle découverte.
    Ecriture sensible et m^eme poétique dans certains passages...
    A lire
    Merci Kenza et bonne soirée

    RépondreSupprimer
  2. je serais bien tentée mais ..je redoute le coup au coeur .Est-ce vraiment léger , je me méfie des grosses émotions..

    RépondreSupprimer
  3. Je l'inscris sur ma liste pour un prochain voyage en Europe! Merci ma douce... (et la peinture est si tendre! si belle!)

    RépondreSupprimer
  4. J'ai beaucoup aimé ce roman, les personnalités des femmes et son atmosphère.

    RépondreSupprimer
  5. Ce livre est dans toutes les bonnes librairies, je l'ai eu plusieurs dans les mains, j'ai hésité, je le trouve mélancolique par sa couverture et par son résumé.
    Je pense le lire à l'automne, pendant la cueillette de pommes...

    Ravie d'avoir retrouver sur mon blog ce joli nom de Kenza !

    RépondreSupprimer
  6. Je note ce livre.

    Merci. Bonne journée

    RépondreSupprimer
  7. étonnante la coïncidence entre nos deux billets. Comment vivre avec l'oubli qui envahit l'esprit ?

    RépondreSupprimer
  8. Belle lecture! Ce livre m'a beaucoup touchée!

    RépondreSupprimer
  9. Oh tu étais à Londres ... ! Je l'ai découvert en mars et j'ai adoré, et toi ?

    Tu as du faire les Musées, quel bonheur n'est-ce pas ? la National Gallery, Courtauld et tant d'autres ...

    Je t'embrasse avec le gout des pépins de pommes à la bouche !

    RépondreSupprimer
  10. Oh, Kenza, quel talent pour résumer un livre de cette manière en nous donnant envie de le lire, tout de suite. Pourtant, des thèmes douloureux auxquels l'âme humaine est inévitablement confrontée un jour ou l'autre en dessinent l'histoire...
    Et Bouguereau...une cerise sur la pomme. Bises et belle journée.
    brigitte

    RépondreSupprimer
  11. L'extrait me rend un peu triste, je l'avoue...il me rappelle les derniers mois de vie de ma chère grand-mère.

    Le liVre est sûrement passionnant, mais...suis-je prête à lire, ...et me souvenir de ces instants vécus par celle qui ne se souvenait plus ?

    RépondreSupprimer
  12. J'en ai en effet déjà lu de bons avis et je suis bien tentée par cette lecture qui me semble très douce...

    RépondreSupprimer
  13. J'ai très envie de lire ce livre, effectivement la pomme est une tentation surtout lorsqu'elle est belle comme celle du tableau.
    Ange a eu une toile qui s'appelait tentation (à cause d'une pomme aussi)...
    bisous
    Danielle

    RépondreSupprimer
  14. Un livre magnifique offrant des passages très émouvants. Une belle écriture. Un roman qu'il faut découvrir.

    RépondreSupprimer

«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard