dimanche 11 octobre 2009

Les Anges chantent pour Catherine

Gaudenzio Ferrari 1471-1546, The Concert of Angels
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Les Anges chantent pour notre amie Catherine,
que nous avons accompagnée
hier après-midi à sa dernière demeure.
Mes plus tendres et affectueuses pensées pour
ses trois jeunes enfants et son mari.
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No comment.

samedi 10 octobre 2009

Autumn, La Toile de Candide

Pour vous souhaiter à tous un agréable week-end,
je vous invite à rendre une visite à mon amie Karine sur
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Je n'en dis pas plus, pour ne pas rompre le charme...

vendredi 9 octobre 2009

La Folie des Passions...

Francesco Hayez 1791-1882,
The last Adieu of Romeo and Juliet
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"J'ai toujours préféré la folie des passions à la
sagesse de l'indifférence."
Anatole France

jeudi 8 octobre 2009

La Villa Barbaro, Villa di Maser

Villa di Maser, dite Villa Barbaro
La Villa Barbaro est située à une trentaine de km au nord
de Trévise, à proximité de la petite cité agricole de Maser.
Commandée par les frères Barbaro, la villa a été construite en
1560 par le très célèbre architecte Andrea Palladio,
mondialement connu pour les magnifiques
palais qu'il a conçus, et qui aujourd'hui, portent son nom.
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Une splendide fontaine apporte une illusion de fraîcheur...
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Symétrie et harmonie, caractéristiques des villas Palladiennes.
De la demeure, et à perte de vue, des vignobles et des vergers!
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Ironie du sort! Il est possible de prendre des photos
vers l'extérieur, alors qu'on se trouve à l'interieur,
mais pas une seule photo à l'intérieur!
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Les dépendances et les caves.
. Détail d'une fontaine: un drôle de personnage!
Le site: Villa di Maser
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Un décor de Véronèse, Vidéo: Musée du Louvre
"L'architecte Andrea Palladio transforma radicalement
l'architecture de l'habitat. Son aspiration à relier
harmonieusement l'architecture et le paysage
fait de la villa Barbaro une création idéale." ...
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Vulcain et Venus
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Illusion d'optique parfaitement maitrisée...
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Autoportrait de Paolo Caliari, dit Véronèse
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Membres de le famille Barbaro
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Fresques en trompe l'oeil chef-d'oeuvre de Paul Véronèse

Herta Müller, prix Nobel de Littérature 2009

Le Prix Nobel de Littérature a été décerné aujourd'hui
à l'Allemande Herta Müller, née le 17 août 1953
dans le village roumain germanophone de Nitchidorf.
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Herta Müller a été récompensée pour avoir,
"avec la concentration de la poésie et l'objectivité de la prose,
dessiné les paysages de l'abandon",
explique l'Académie suédoise dans son communiqué.
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"La Rivière aux grenades", Michel Jobert

John Singer Sargent 1856-1925,
Almina, daughter of Asher Werteimer
Tate Gallery, Londres
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« Elle, Leïla, était une femme marocaine, ployant et ressurgissant. Tout était à elle alentour, même ces hommes, abusifs et vains, qui préféraient épouser des Européennes écervelées plutôt que de placer à côté d’eux des filles de leur race, comme des égales.
Elle s’impatientait, dans sa chambre bleu turquoise, où son lit, installé dans une alcôve enluminée de frises, de rosaces et de lanternes stylisées, s’encombrait d’une vingtaine de coussins de soie, en deux tons de jaune et de bleu, sur une assise de cuirs blonds et rebondis. La vieille Zohra poussait inlassablement la porte au plein cintre outrepassé, et travaillée de couleurs avec une époustouflante minutie. Tout allait-il bien ? N’avait-elle pas besoin d’être peignée, fardée ? Respirait-elle le jasmin, l’oranger, ou la rose thé dont elle renouvelait les pétales, dans la boîte de cèdre aux compartiments ajourés ? Ces attentions d’un autre âge ne tiraient d’elle que des monosyllabes, mais elle ne pouvait s’en passer. Comme elle aimait errer les pieds nus sur la natte de jonc et de laine tressés qui disparaissait sous la couverture mauve et violette de son lit. Les cheveux dénoués, le caftan léger mais trop ample élargissant ses hanches, agitant à ses bras les multiples bracelets dont elle se dépouillait hors du palais, elle s’exaltait dans une fureur impuissante : les orangers et les daturas du patio, aperçus par les étroites fenêtres jumelées, ne lui renvoyaient qu’une immobilité hostile, que le vent ne troublait jamais. Le
guembri berbère au long manche, taillé dans une loupe de tuya ou de caroubier, si elle en avait pincé les deux cordes, n’aurait rendu qu’un son aigre, et tous ces livres occidentaux, en français et en anglais, empilés sur les tables basses aux chevalet articulés, la provoquaient de tous les souvenirs qu’elle y avait enfouis, pour elle seule. Comment pouvait-elle être si consciente et si prisonnière ? » …
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Extrait: Michel Jobert, La Rivière aux grenades (Oued Kroumane)
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Note de l’Editeur: On connaît Michel Jobert, né à Meknès en 1921, comme homme politique, ancien ministre des Affaires étrangères du président Georges Pompidou (1973), puis ministre d’Etat de François Mitterrand (1981). Ses Mémoires d’avenir ont obtenu le prix Aujourd’hui en 1974.
Prix de la Langue de France (1989), outre ses ouvrages politiques, Michel Jobert est également l’auteur de deux romans d’excellente facture: La vie d’Ella Schuster (1977) et La Rivière aux grenades (1982), souvent autobiographique…

mercredi 7 octobre 2009

Salon Européen du Livre de Dijon, du 27 au 29 novembre 2009

a lieu cette année les 27, 28 et 29 novembre 2009.
Dans le prestigieux Palais des Etats de Bourgogne,
l'Italie sera l'invitée d'honneur pour cette 3e édition.
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Ne me quitte pas, Nina Simone

Le site: Nina Simone

L'Amour et la Folie, Jean de La Fontaine

Joseph Berger 1798-1870, Psyche and Cupid
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L'Amour et la Folie
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Tout est mystère dans l'Amour,
Ses flèches, son Carquois, son Flambeau, son Enfance.
Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour
Que d'épuiser cette Science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici.
Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l'Aveugle que voici
(C'est un Dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière;
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien;
J'en fais juge un Amant, et ne décide rien.
La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble.
Celui-ci n'était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint: l'Amour veut qu'on assemble
Là-dessus le Conseil des Dieux.
L'autre n'eut pas la patience;
Elle lui donne un coup si furieux,
Qu'il en perd la clarté des Cieux.
Vénus en demande vengeance.
Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris:
Les Dieux en furent étourdis,
Et Jupiter, et Némésis,
Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande.
Elle représenta l'énormité du cas.
Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas:
Nulle peine n'était pour ce crime assez grande.
Le dommage devait être aussi réparé.
Quand on eut bien considéré
L'intérêt du Public, celui de la Partie,
Le résultat enfin de la suprême Cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l'Amour.
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Jean de La Fontaine

mardi 6 octobre 2009

Les femmes qui aiment sont dangereuses

Après Les femmes qui lisent sont dangereuses,
et Les femmes qui écrivent vivent dangereusement,
Laure Adler continue sur sa lancée et vient de publier
en collaboration avec Elisa Lécosse,
Les femmes qui aiment sont dangereuses
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Shéhérazade, Georges Barbier, page 88
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Quatrième de couverture: " Une femme amoureuse en vaut cent. Par sa puissance sexuelle et son intelligence du coeur, elle peut, en se donnant à celui qu'elle a choisi, le capturer dans les rets de son désir et faire de lui son égal, voire son esclave. Le désir de la femme a toujours été perçu, et sous toutes les latitudes, plus fort, plus ensorcelant, plus mystérieux que le désir des hommes." Laure Adler
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Mot de l'Editeur: Consacré au thème de l'amante fatale, cet ouvrage propose un choix de peintures, dessins et photographies du Moyen Âge à l'époque contemporaine. Avec également une réflexion sur une thématique longtemps laissée aux seuls mains et regards des hommes.
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Laure Adler, née en 1950, est journaliste, historienne et écrivain, spécialiste de l'histoire des femmes et des féministes aux XIXe et XXe siècle. On lui doit notamment une biographie de Margueritte Duras (Gallimard 1998), Dans les pas de Hannah Arendt (Gallimard 2005) et L'insoumise, Simone Weil (Actes Sud 2008).

Clair de lune, Victor Hugo

Henry Nelson O'Neil 1817-1880, Woman in Love
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Clair de lune

La lune était sereine et jouait sur les flots.-
La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
La sultane regarde, et la mer qui se brise,
Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.

De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare.
Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos.
Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,
Battant l'archipel grec de sa rame tartare?

Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile?
Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'une voix grêle,
Et jette dans la mer les créneaux de la tour?

Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes?-
Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,
Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé
Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames.

Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
On verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine...-
La lune était sereine et jouait sur les flots.

Victor Hugo 1802-1885 , Les Orientales

lundi 5 octobre 2009

Max Ernst, Le Jardin de la France, Musée des Beaux-Art de Tours

Le Musée des Beaux-Arts de Tours
accueille du 17 octobre 2009 au 18 janvier 2010
l'exposition, Max Ernst "Le Jardin de la France"
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Après son retour des Etats-Unis et quelques années passées à Paris, Max Ernst et son épouse s'étaient installés à Huismes en Touraine.
C'est donc, la première fois qu'un musée réuni pour une exposition, des oeuvres de l'artiste liées à son séjour en Touraine. Grâce à de nombreux prêts de collections publiques et privées, seront rassemblés des collages, dessins, estampes, ouvrages illustrés, peintures et sculptures, réalisés pendant ces années.
***
Max Ernst 1891-1976, Le Jardin de la France
***
L'exposition du Musée des Beaux-Arts de Tours est reconnue d'intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication / direction des musées de France.
Elle bénéficie à ce titre d'un soutien financier exceptionnel de l'Etat.
Cette exposition a reçu le label Val de Loire - Patrimoine mondial (UNESCO).


Découvrez La Touraine selon Max Ernst sur Culturebox !

dimanche 4 octobre 2009

La Belle et la Bête

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Chef-d'oeuvre de Jean Cocteau
Sorti sur les écran en 1946
Interprété par Jean Marais et Josette Day


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«Un chef-d’œuvre est une bataille gagnée contre la mort.»
Jean Cocteau, Extrait: Secrets de beauté
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Palais Ducal de Mantoue, et le chef-d'œuvre d'Andrea Mantegna

Palazzio Ducale
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Façade imposante du Palais Ducal de Mantoue..
Derrière cette façade austère, se cache l'un
des plus beaux chefs-d'oeuvre d' Andrea Mantegna..
Détails de l'architecture de la façade du palais.
.Les photos étant interdites à l'intérieur du palais,
celle-ci a été prise sous un porche menant à un jardin.
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Une des nombreuses cours du palais,
un havre de paix et de verdure
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Bustes en bronze des époux Gonzague.
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Palais Ducal de Mantoue est un magnifique ensemble de bâtiments situé dans la ville italienne de Mantoue (Lombardie), construit entre les XIVe et XVIIe siècles, principalement par la noble famille Gonzague et constituant leur résidence dans la capitale de leur Duché.
Les bâtiments sont reliés par des couloirs et des galeries. Les intérieurs sont enrichis par des loggias et de grands jardins.
Le complexe comprend 500 chambres et occupe une superficie d'environ 34 000 m2.
Les œuvres les plus célèbres sont les fresques de la Camera degli Sposi (chambre des époux), entièrement peinte de la main d'Andrea Mantegna, situées dans le Castello San Giorgio, la partie militaire initiale du complexe architectural qui comporte d'autres très importants éléments d'architecture et de peinture. Source: Wikipédia

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.Dans le palais ducale on peut admirer le célèbre trompe-l'oeil de la Chambre des Époux, que Ludovic Gonzague commanda en 1464 à Andrea Mantegna. La chambre des Époux, décorée par Mantegna est un exceptionnel ensemble de fresques présentant un défilé des membres de la famille Gonzague, sur fond de paysage en trompe-l’œil.
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Arrivée du Cardinal Francesco Gonzague.
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Portraits de la famille Gonzague..Magnifique plafond de la chambre des époux.
Une Merveille!
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En un complément à ce fabuleux voyage dans le temps,
je conseille la lecture du très beau roman de
Marie Ferranti, La princesse de Mantoue.
Les avis sur le net sont partagés quand à la conclusion.
En ce qui me concerne, j'ai adoré!

vendredi 2 octobre 2009

Santana, Flor de luna

Le site: Santana
N'hésitez pas à monter le son!

Du hasard et de la nécessité...

Charles-Joseph Natoire 1700-1777,
Cupid Sharpening an Arrow
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"Il n'y a pas de hasards, il n'y a que des rendez-vous."
Paul Eluard

Dayelle Orientale, Joseph Lenoir

Frederick Arthur Bridgman 1847-1928, La sieste
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Douce brise du soir, haleine parfumée,
Qu'exhale, en expirant, le vaste sein du jour,
Ah ! puisses-tu bientôt, sur la couche embaumée
Où Dayelle s'agite, (oh ! je l'ai tant aimée !)
Porter à son oreille un mot de mon amour !

Allah ! je n'ai plus rien qu'un chétif dromadaire !
Un fakir, l'autre jour, m'a ravi mon caftan !
Une Circassienne, achetée au vieux Caire,
A tué ma cavales !.... Et je suis solitaire,
Comme un des noirs muets du sérail du Sultan !

Car, voyez-vous, c'est elle ! une odalisque pâle,
Dont l'oeil noir étincelle au milieu de ses pleurs,
C'est elle qui voulut que ma rouge cavale
A force de courir devint, comme l'opale,
Blanche sous son écume et pleine de douleurs !

Que la tente où parfois tu vas dormir, ma belle,
Quand le simoun en feu règne sur le désert,
Te soit une oasis, où ton pied de gazelle
Se pose sans frémir ! Que ton coursier fidèle
Y trouve une eau limpide, un gazon toujours vert !

Douce brise du soir, haleine parfumée,
Qu'exhale, en expirant, le vaste sein du jour,
Ah ! puisses-tu bientôt, sur la couche embaumée,
Où Dayelle s'agite, (oh ! je l'ai tant aimée !)
Porter à son oreille un mot de mon amour !~
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Joseph Lenoir
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Joseph Lenoir (1822-1861), comme poète, jouissait d'une très grande popularité en son temps. Avocat, membre de l'Institut canadien, il était aussi journaliste, et a contribué à L'avenir, journal libéral et anticlérical, qui réclamait, un temps, l'indépendance du Bas-Canada, puis l'annexion du Bas-Canada aux Etats-Unis.

Jan Karski, Yannick Haenel

"Dites-leur que la terre doit être ébranlée jusque dans ses
fondements pour que le monde se reveille enfin."
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Quatrième de couverture: Varsovie, 1942. La Pologne est dévastée par les nazis et les Soviétiques. Jan Karski est un messager de la Résistance polonaise auprès du gouvernement en exil à Londres. Il rencontre deux hommes qui le font entrer clandestinement dans le ghetto, afin qu’il dise aux Alliés ce qu’il a vu, et qu’il les prévienne que les Juifs d’Europe sont en train d’être exterminés.
Jan Karski traverse l’Europe en guerre, alerte les Anglais, et rencontre le président Roosevelt en Amérique.
Trente-cinq ans plus tard, il raconte sa mission de l’époque dans Shoah, le grand film de Claude Lanzmann.
Mais pourquoi les Alliés ont-ils laissé faire l’extermination des Juifs d’Europe ?
Ce livre, avec les moyens du documentaire, puis de la fiction, raconte la vie de cet aventurier qui fut aussi un Juste.
Yannick Haenel coanime la revue Ligne de risque. Il est l’auteur, notamment, de Cercle.
Editions Gallimard
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Rembrandt 1606-1669, Le Cavalier polonais

Extrait: « C’est un petit tableau rouge est brun qui est à la Frick Collection, il représente un jeune homme traversant le crépuscule sur un cheval blanc. J’ai tout de suite aimé son allure, son air farouche, sa noblesse ; il y avait quelque chose en lui de doux et d’intraitable à la fois, ce calme propre aux guerriers qui se reposent. A tous les moments décisifs de ma vie, je suis allé voir Le Cavalier polonais. A chaque fois, il m’a fait du bien. Car la plupart du temps, il m’est impossible de penser. Depuis 1945, je ne fais que penser, et en même temps je n’arrive pas à penser. Pour penser, il faut un calme que je n’arrive pas à trouver dans ma vie ; et ce calme, je le trouve en allant voir Le Cavalier polonais. Il y a une banquette en velours bleu, je m’installe. Les gardiens me font signe, on se connaît depuis le temps. Eux aussi sont des immigrés, des «migrants» comme on disait alors, des exilés hongrois pour la plupart. Je me laisse envahir par la lumière chaude des bruns, des roux, par cet éclat du ciel gris-vert qui habille les ombres, et fait doucement flotter le regard du cavalier entre le défi et la rêverie. Chaque fois, j’observe tout méthodiquement : le velouté rouge du pantalon, le détail du sabre, de l’arc et du carquois, le mouvement blanc du cheval, et ce paysage qui semble consumer dans sa braise de très anciens champs de bataille, qui fait crépiter le temps lui-même, la couleur de la ruine, et celle, plus mystérieuse encore, de l’attente. Depuis la première fois, ce que j’aime le plus, c’est le geste du cavalier : poing sur la hanche- un geste d’officier, la nonchalance de l’aristocratie. »

Raphaël 1484-1520, La Madone à la chaise

Mon avis: Un témoignage poignant comme le sont tous les ouvrages qui traitent de cette période pénible de l'histoire. Il est difficile de fermer ce livre avant de l'avoir lu entièrement, tant pour le portrait émouvant que fait Yannick Haenel de Jan Karski, que pour le sujet lui-même qui demande le respect. Reviennent alors en mémoire les images fortes et éprouvantes du film de Claude Lanzemann, Shoah... Un excellent roman.

jeudi 1 octobre 2009

Sur la Grande Odalisque de Jean Auguste Dominique Ingres, Théophile Gautier

La Grande Odalisque Musée du Louvre, Paris
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« Et pourtant, si jamais créature divinement belle s’étala dans sa chaste nudité aux regards des hommes indignes de la contempler, c’est à coup sûr l’Odalisque couchée ; rien de plus parfait n’est sorti du pinceau.
Soulevée à demi sur son coude noyé dans les coussins, l’odalisque, tourne la tête vers le spectateur par une flexion pleine de grâce, montre des épaules d’une blancheur dorée, un dos où court dans la chaire souple une délicieuse ligne serpentine, des reins et des jambes d’une suavité de forme idéale, des pieds dont la plante n’a jamais foulé que des tapis de Smyrne et les marches d’albâtre oriental des piscines du harem ; des pieds dont les doigts, vus par-dessous, se recourbent mollement, frais et blancs comme des boutons de camellia, et semblent modelés sur quelque ivoire de Phidias retrouvé par miracle ; l’autre bras languissamment abandonné, flotte le long du contour des hanches, retenant de la main un éventail de plumes qui s’échappe, en s’écartant assez du corps pour laisser voir un sein vierge d’une coupe exquise, un sein de Vénus grecque, sculptée par Cléomène pour le temple de Chypre et transportée dans le sérail de padischah. […]
Les yeux, dont la prunelle glauque regarde de côté ; le nez, aux narines roses comme l’intérieur d’un coquillage ; la bouche, s’épanouie par un sourire nonchalant ; les joues pleines, un peu larges ; le menton, d’une courbe ronde et voluptueuse, forment un type où l’individualité de l’Orient se mêle à l’idéal de la Grèce. »
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Théophile Gautier, « Sur la
Grande Odalisque de Jean Auguste Dominique Ingres », publié pour la première fois dans le Moniteur universel, en juillet 1885
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Extrait :
Les plus beaux textes de l’histoire de l’Art, Choisis et commentés par Sterckx, BeauxArts éditions
«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard