Dans les années soixante, la Ville Nouvelle de Meknes vivait encore sous une forte influence européenne et au rythme de la communauté française installée là depuis de nombreuses années déjà. Cette partie de la ville, dite Ville Nouvelle parce que construite plus tard sous le protectorat, est séparée par l'ouèd Bou Fekrane de la médina, ville impériale construite par Moulay Ismaïl et habitée exclusivement par les marocains de souche.
A l'époque, mes parents qui vivaient à l'heure européenne, avaient pour habitude en rentrant du travail, de nous emmener faire une promenade en centre ville et souvent sur le chemin du retour, nous faisions une petite halte et finissions la soirée sur la terrasse du café le Bagatelle. Bagatelle était le lieu de rendez-vous à la mode de la société aisée et des notables de la ville. De part sa situation stratégique, à proximité du cinéma Caméra réputé être le plus beau cinéma d'Afrique, la terrasse du café était très rapidement noire de monde avant et après chaque séance. Dès que mes parents étaient installés et que je pouvais échapper à leur vigilance, je m'éclipsais pour aller jouer à l'intérieur du café et inévitablement je descendais au sous-sol, attirée par cet endroit fascinant et magique. Plus je descendais les marches, plus l'atmosphère s'opacifiait, envahie par une forte fumée de tabac, pour devenir un halo fantomatique masquant pratiquement les joueurs lorsque j'atteignais enfin la salle de billard. Je pouvais rester là des heures, admirative devant ces messieurs élégants qui tournaient autour d'immenses tables de billards recouvertes de feutre vert; c'était d'un grand mystère pour moi...
Bagatelle a perdu de sa superbe aujourd'hui, comme beaucoup de cafés d'ailleurs devenus le domaine exclusif de la gent masculine. Par contre, et à ma grande joie, le cinéma Caméra semble résister au temps et s'enorgueillit toujours de ses fresques Art Déco datées 1939 et signées Marcel Couderc.
A l'époque, mes parents qui vivaient à l'heure européenne, avaient pour habitude en rentrant du travail, de nous emmener faire une promenade en centre ville et souvent sur le chemin du retour, nous faisions une petite halte et finissions la soirée sur la terrasse du café le Bagatelle. Bagatelle était le lieu de rendez-vous à la mode de la société aisée et des notables de la ville. De part sa situation stratégique, à proximité du cinéma Caméra réputé être le plus beau cinéma d'Afrique, la terrasse du café était très rapidement noire de monde avant et après chaque séance. Dès que mes parents étaient installés et que je pouvais échapper à leur vigilance, je m'éclipsais pour aller jouer à l'intérieur du café et inévitablement je descendais au sous-sol, attirée par cet endroit fascinant et magique. Plus je descendais les marches, plus l'atmosphère s'opacifiait, envahie par une forte fumée de tabac, pour devenir un halo fantomatique masquant pratiquement les joueurs lorsque j'atteignais enfin la salle de billard. Je pouvais rester là des heures, admirative devant ces messieurs élégants qui tournaient autour d'immenses tables de billards recouvertes de feutre vert; c'était d'un grand mystère pour moi...
Bagatelle a perdu de sa superbe aujourd'hui, comme beaucoup de cafés d'ailleurs devenus le domaine exclusif de la gent masculine. Par contre, et à ma grande joie, le cinéma Caméra semble résister au temps et s'enorgueillit toujours de ses fresques Art Déco datées 1939 et signées Marcel Couderc.
Illustration: Jean Beraud, Salle de billard
Merci pour ce superbe commentaire qui m'a fait revivre certaines scènes de mon enfance.
RépondreSupprimerLe Cinéma ABC était encore vivant il y a 3 ou 4 ans avec la superbe fresque d'Edmond Valès si ma mémoire est bonne.
Il fut mon prof de dessin vers les années 53 / 54.
André E.