mercredi 21 octobre 2009

Le Jeu de l'Ange, Carlos Ruiz Zafón

Antonio de Pereda 1611-1678, The Knight's Dream
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"Certains préfèrent croire que c'est le livre qui les choisit..."
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"Le vieux libraire m'avait toujours répété que les livres avaient
une âme, l'âme de celui qui les avait écrits et de ceux
qui les avaient lus et avaient rêvé avec eux."
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Le Mot de l'éditeur: "Je t’emmènerai dans un endroit secret où les livres ne meurent jamais et où personne ne peut les détruire…"
Barcelone, années 1920. David Martin, dix-sept ans, travaille au journal La Voz de la Industria. Son existence bascule un soir de crise au journal : il faut trouver de toute urgence un remplaçant au feuilletoniste dominical. Sur les conseils de Pedro Vidal, chroniqueur à ses heures, David est choisi. Son feuilleton rencontre un immense succès et, pour la première fois, David est payé pour ce qu'il aime le plus au monde : écrire.
En plein succès, David accepte l’offre de deux éditeurs peu scrupuleux : produire à un rythme effréné des feuilletons sous pseudonyme. Mais après quelques années, à bout de force, David va renoncer. Ses éditeurs lui accordent alors neuf mois pour écrire son propre roman. Celui-ci, boudé par la critique et sabordé par les éditeurs, est un échec. David est d'autant plus désespéré que la jeune fille dont il est amoureux depuis toujours - et à laquelle le livre est secrètement dédié - va épouser Pedro Vidal.
Son ami libraire, Sempere, choisit ce moment pour l’emmener au Cimetière des livres oubliés, où David dépose le sien. Puis arrive une offre extraordinaire : un éditeur parisien, Corelli, lui propose, moyennant cent mille francs, une fortune, de créer une texte fondateur, sorte de nouvelle Bible, « une histoire pour laquelle les hommes seraient capables de vivre et de mourir, de tuer et d’être tués, d’offrir leur âme ».
Du jour où il accepte ce contrat, une étrange mécanique du meurtre se met en place autour de David. En vendant sa liberté d’écrivain, aurait-il vendu son âme au diable ? Épouvanté et fasciné, David se lance dans une enquête sur ce curieux éditeur, dont les pouvoirs semblent transcender le temps et l’espace.
L’auteur: écrivain catalan, Carlos Ruiz Zafón vit à Los Angeles, où il est également scénariste. L'Ombre du vent, prix Planeta (2004), prix du meilleur livre étranger – roman (2004), a aussi sélectionné pour le prix Femina étranger.
Carlos Ruiz Zafon
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Edward Collier 1640-1707, Vanitas
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Extrait: "Je revins à l’hôtel en longeant le lac. Le concierge m’indiqua comment trouver l’unique librairie du village, où je pus acheter du papier et un stylo qui attendait là depuis des temps immémoriaux. Ainsi armé, je m’enfermai dans ma chambre. Je déplaçai la table de manière à la mettre devant la fenêtre et commandai un thermos de café. Je passai presque une heure à contempler le lac et les montagnes lointaines avant d’écrire un mot. Je me souvins de la vieille photo confiée par Cristina, cette image d’une enfant marchant sur une jetée en bois qui s’avançait dans la mer, dont le mystère avait toujours fui sa mémoire. J’imaginai que je suivais cette jetée, que mes pas me conduisaient derrière elle et, lentement, les mots commencèrent à couler et l’armature d’un petit récit s’esquissa au fil de la plume. J’allais écrire l’histoire dont Cristina n’avait jamais pu se souvenir, celle qui l’avait menée, enfant, à marcher au-dessus de ces eaux luisantes en tenant la main d’un inconnu. J’écrirais l’histoire de ce souvenir qui n’aurait jamais existé, la mémoire d’une vie volée. Les images et la lumière qui se dessinaient entre les phrases me ramenèrent à cette vieille Barcelone de ténèbres qui nous avait engendrés tous les deux. Je travaillai jusqu’à ce que le soleil se couche, qu’il ne reste plus une goutte de café dans le thermos et que mes yeux et mes mains me fassent mal. Je laissai tomber mon stylo et enlevai les feuilles de la table. Quand le concierge frappa à la porte pour me demander si j’allais descendre dîner, je ne l’entendis pas. Je dormais profondément et, pour une fois, je rêvais en croyant que les mots, y compris les miens, avaient le pouvoir de guérir."
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Mon avis: J’ai l’avantage de découvrir Carlos Ruiz Zafon avec Le jeu de l’ange, mon avis n’est donc pas influencé par son précédent roman et très grand succès L'Ombre du vent. J’ai aimé ce roman sans pour autant dire que j’ai eu le coup de foudre. L’écriture est agréable et l’intrigue captivante jusqu’au deux tiers du roman. Mais, j’ai trouvé regrettable cette profusion de personnages impliqués, de rebondissements et retournements de situations dans les derniers chapitres qui semblent se bousculer et se précipiter vers une conclusion qui fait perdre le fil de l’histoire.

2 commentaires:

  1. Ma chérie!
    J'ai sans aucun doute préferé le premier livre à celui-ci, "L'Ombre du vent" m'a littéralement attrapée, celui-ci par contre un peu moins et pour les mêmes raisons que toi..
    Cela m'a fait plaisir de lire cet extrait en français ( j'ai lu ces 2 livres en catalan), et de constater le splendide travail de traduction réalisé... C'est un thé à l'heure anglaise que je suis venue prendre avec toi, ma Belle Kenza, mais j'ai pensé que l'heure, aujourd'hui et exceptionnellement, était plus propice...

    J'ai trouvé une réflexion de l'auteur lors d'une entrevue:
    "«Nous vivons dans un monde miroir, où personne ne peut réellement délimiter la frontière entre le réel et le surnaturel. Le lecteur doit apprendre à se perdre dans le Cimetière des livres oubliés. Il s'agit d'un labyrinthe aux différents niveaux de lecture et d'implication».

    Nous vivons, nous, dans le réel. ma très chère Kenza et c'est une affection des plus réelle qui me fait venir dans ton adorable salon de thé , jour après jour...

    Mille et un doux baisers... Je pense très très fort à toi, ma Princesse de Fès...

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  2. Merci ma Belle,
    Je suis rassurée de savoir que tu portes le même jugement que moi... J'ai acheté "L'ombre du vent" que je lirai après les 3 ou 4 livres que je suis en train de lire... J'apprécierai certainement mieux tout ce que j'ai lu sur le net!!
    Je t'écris ce soir sans faute!
    Gros bisous ma chère Selma et très belle soirée

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«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard