"Et le fleuve, sans lequel il n’y aurait commencement ni fin, coule, invariable, vers le Nord ; et rien ne peut le dévier : une montagne le plie vers l’est, une dépression l’attire à l’ouest, mais, tôt ou tard, il est ramené à son irrévocable destinée, vers la mer, vers le Nord."
Extrait: « Nous partîmes. Je la sentais près de moi comme un halo de bronze, vivante et mystérieuse, une ville de volupté et de mystère. Heureux de la voir rire si facilement. On rencontre en Europe fréquemment ce genre de femme intrépide, gaie et curieuse de tout. Et moi, j’étais un désert de soif, plein de désirs fous. Comme nous prenions le thé, elle m’interrogea sur le Soudan. Je lui racontai des histoires invraisemblables de désert aux sables d’or, de forêts vierges retentissant aux cris d’animaux imaginaires, de capitales fabuleuses dont les rues s’animaient au passage de lions et des éléphants et où les crocodiles sortaient à l’heure de la sieste. Elle m’écoutait à moitié crédule. Elle riait, fermait les yeux, les pommettes colorées. Par moments elle m’écoutait religieusement, ayant aux yeux une compassion chrétienne. Je devins pour elle une créature primitive et nue de la jungle, armée de flèches et arcs à la main, guettant lions et éléphants. Parfait : la curiosité changea en connivence, puis en compassion. Et quand j’agiterais la dormante mare des profondeurs, je transmuerais la compassion en désir. J’allais pouvoir jouer d’elle à ma guise, comme d’un instrument de musique accordé à ma façon. »
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Quatrième de couverture: Au jeune étudiant rentré au pays après un séjour en Europe, Moustafa Saïd entreprend de raconter son histoire : celle d’un destin déchiré entre la vie immémoriale de l’Afrique et le mouvement de l’Occident.
Moustafa Saïd en effet a passé de nombreuses années en Angleterre, où il a mené des études brillantes, séduit de nombreuses femmes, provoqué le suicide de deux d’entre elles, brisé le mariage d’une autre… Sur sa vie plane une ombre de mystère.
Peu de temps après son récit, inachevé, il meurt noyé dans le Nil, alors qu’il était un excellent nageur : son confident tentera dès lors de remonter le cours d’une vie complexe, de comprendre qui fut réellement le fascinant Moustafa Saïd, et c’est avec une science dramatique extrême que l’auteur distille les éléments de cette envoûtante enquête.
Tayeb Salih est né en 1929 dans le Nord du Soudan. Après des études à Khartoum et à Londres, il a dirigé le département arabe de la BBC, puis les services de l’information au Qatar, et exercé les fonctions de conseiller à l’Unesco.
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Hommage: Aujourd’hui, je souhaite rendre hommage à Tayeb Salih décédé la nuit du 17 au 18 février 2009, un des plus grands écrivains contemporains du monde arabe. Il a publié en 1966, Saison de la migration vers le Nord (Mawssim al-hijra ila ashamal), traduit de l’arabe par Abdelwahab Meddeb et Fady Noun, un roman considéré comme un grand classique de la littérature arabe moderne. Ce petit livre que j’ai acheté à l’annonce du décès de Tayeb Salih, il y a quelques semaines, et que je viens juste de lire est un chef d’œuvre qui ne peut laisser indifférent, qu’on soit originaire du « Nord » ou du « Sud ». Le grand choc des cultures est toujours d’actualité et ce roman dont la poésie et la sensualité (le roman a été censuré à sa sortie au Soudan) en font une œuvre qui n’a pas pris une ride depuis plus de quarante ans. A lire et relire sans modération…
Extrait: « Nous partîmes. Je la sentais près de moi comme un halo de bronze, vivante et mystérieuse, une ville de volupté et de mystère. Heureux de la voir rire si facilement. On rencontre en Europe fréquemment ce genre de femme intrépide, gaie et curieuse de tout. Et moi, j’étais un désert de soif, plein de désirs fous. Comme nous prenions le thé, elle m’interrogea sur le Soudan. Je lui racontai des histoires invraisemblables de désert aux sables d’or, de forêts vierges retentissant aux cris d’animaux imaginaires, de capitales fabuleuses dont les rues s’animaient au passage de lions et des éléphants et où les crocodiles sortaient à l’heure de la sieste. Elle m’écoutait à moitié crédule. Elle riait, fermait les yeux, les pommettes colorées. Par moments elle m’écoutait religieusement, ayant aux yeux une compassion chrétienne. Je devins pour elle une créature primitive et nue de la jungle, armée de flèches et arcs à la main, guettant lions et éléphants. Parfait : la curiosité changea en connivence, puis en compassion. Et quand j’agiterais la dormante mare des profondeurs, je transmuerais la compassion en désir. J’allais pouvoir jouer d’elle à ma guise, comme d’un instrument de musique accordé à ma façon. »
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Quatrième de couverture: Au jeune étudiant rentré au pays après un séjour en Europe, Moustafa Saïd entreprend de raconter son histoire : celle d’un destin déchiré entre la vie immémoriale de l’Afrique et le mouvement de l’Occident.
Moustafa Saïd en effet a passé de nombreuses années en Angleterre, où il a mené des études brillantes, séduit de nombreuses femmes, provoqué le suicide de deux d’entre elles, brisé le mariage d’une autre… Sur sa vie plane une ombre de mystère.
Peu de temps après son récit, inachevé, il meurt noyé dans le Nil, alors qu’il était un excellent nageur : son confident tentera dès lors de remonter le cours d’une vie complexe, de comprendre qui fut réellement le fascinant Moustafa Saïd, et c’est avec une science dramatique extrême que l’auteur distille les éléments de cette envoûtante enquête.
Tayeb Salih est né en 1929 dans le Nord du Soudan. Après des études à Khartoum et à Londres, il a dirigé le département arabe de la BBC, puis les services de l’information au Qatar, et exercé les fonctions de conseiller à l’Unesco.
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Hommage: Aujourd’hui, je souhaite rendre hommage à Tayeb Salih décédé la nuit du 17 au 18 février 2009, un des plus grands écrivains contemporains du monde arabe. Il a publié en 1966, Saison de la migration vers le Nord (Mawssim al-hijra ila ashamal), traduit de l’arabe par Abdelwahab Meddeb et Fady Noun, un roman considéré comme un grand classique de la littérature arabe moderne. Ce petit livre que j’ai acheté à l’annonce du décès de Tayeb Salih, il y a quelques semaines, et que je viens juste de lire est un chef d’œuvre qui ne peut laisser indifférent, qu’on soit originaire du « Nord » ou du « Sud ». Le grand choc des cultures est toujours d’actualité et ce roman dont la poésie et la sensualité (le roman a été censuré à sa sortie au Soudan) en font une œuvre qui n’a pas pris une ride depuis plus de quarante ans. A lire et relire sans modération…
Il est triste pour moi de contaster qu'un auteur dont tu dis qu'il est l'un des plus grands du monde arabe m'est totalement inconnu..Je n'en ai jamais entendu parler, Et pourtant, je lis beaucoup et je m'informe sur la litterature! Donc, une lacune à combler. En tous cas, j'adore le titre de ce livre, je le trouve porteur de rêve...
RépondreSupprimerCe doit être difficile de s´adapter a une culture qui est differente a la tienne et souvent si opposée.
RépondreSupprimerLire ce genre de roman peut nous rapprocher.
Bonne soirée.
Besos desde Malaga.