Umberto Eco au Louvre
du 2 novembre au 13 décembre 2009
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Le Mot de l'éditeur: Vertige de la liste
Le Mot de l'éditeur: Vertige de la liste
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Dans l'Iliade, Homère nous offre deux modes de représentation: le premier, c'est le bouclier d'Achille, une forme achevée et circonscrite où Vulcain représente tout ce qu'il sait sur une ville, sa campagne alentour, ses guerres et ses rites en temps de paix. Le second, c'est le fameux catalogue des navires, démesuré, que dresse le poète, impuissant à dire le nom et le nombre des guerriers achéens, et qui se conclut idéalement par un «et caetera». On appelle ce second mode de représentation la liste ou l'énumération. Il y a des listes pratiques et finies, comme celles qui recensent les livres d'une bibliothèque; et il y a celles qui suggèrent l'incommensurable et nous font ressentir le vertige de l'infini.
Cet ouvrage montre que, depuis toujours, la littérature fourmille de listes, d'Hésiode à Joyce, d'Ézéchiel à Gadda. Il s'agit souvent d énumérations égrenées pour le goût de l'inventaire, la mélodie du dénombrement ou le plaisir vertigineux de réunir des éléments sans relation spécifique, comme dans les énumérations dites chaotiques. Mais ce volume ne nous propose pas seulement de découvrir une forme littéraire rarement analysée; il nous montre aussi combien les arts figuratifs savent suggérer des énumérations infinies, même lorsque la représentation semble contrainte par l'encadrement d'un tableau.
Le lecteur trouvera dans ces pages de quoi s'étourdir en éprouvant le vertige de la liste.
Umberto Eco est né à Alexandrie (Piémont) en 1932. Philosophe, médiéviste, sémiologue, spécialiste des médias, son premier roman, Le Nom de la rose, remporte le prix Strega en 1981 et le prix Médicis étranger en 1982. Il est suivi du Pendule de Foucault, de celle du jour d'avant, de Baudolino et de La Mystérieuse Flamme de la reine Loana. Parmi ses nombreux essais, on retiendra Les Limites de l'interprétation, Kant et l'ornithorynque et, en 2009, avec Jean-Claude Carrière, N'espérez pas vous débarrasser des livres. En 2004, il a coordonné l'édition du livre illustré Histoire de la beauté (Flammarion), et en 2007, celle d'Histoire de la laideur (Flammarion).
Editions Flammarion
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Dans l'Iliade, Homère nous offre deux modes de représentation: le premier, c'est le bouclier d'Achille, une forme achevée et circonscrite où Vulcain représente tout ce qu'il sait sur une ville, sa campagne alentour, ses guerres et ses rites en temps de paix. Le second, c'est le fameux catalogue des navires, démesuré, que dresse le poète, impuissant à dire le nom et le nombre des guerriers achéens, et qui se conclut idéalement par un «et caetera». On appelle ce second mode de représentation la liste ou l'énumération. Il y a des listes pratiques et finies, comme celles qui recensent les livres d'une bibliothèque; et il y a celles qui suggèrent l'incommensurable et nous font ressentir le vertige de l'infini.
Cet ouvrage montre que, depuis toujours, la littérature fourmille de listes, d'Hésiode à Joyce, d'Ézéchiel à Gadda. Il s'agit souvent d énumérations égrenées pour le goût de l'inventaire, la mélodie du dénombrement ou le plaisir vertigineux de réunir des éléments sans relation spécifique, comme dans les énumérations dites chaotiques. Mais ce volume ne nous propose pas seulement de découvrir une forme littéraire rarement analysée; il nous montre aussi combien les arts figuratifs savent suggérer des énumérations infinies, même lorsque la représentation semble contrainte par l'encadrement d'un tableau.
Le lecteur trouvera dans ces pages de quoi s'étourdir en éprouvant le vertige de la liste.
Umberto Eco est né à Alexandrie (Piémont) en 1932. Philosophe, médiéviste, sémiologue, spécialiste des médias, son premier roman, Le Nom de la rose, remporte le prix Strega en 1981 et le prix Médicis étranger en 1982. Il est suivi du Pendule de Foucault, de celle du jour d'avant, de Baudolino et de La Mystérieuse Flamme de la reine Loana. Parmi ses nombreux essais, on retiendra Les Limites de l'interprétation, Kant et l'ornithorynque et, en 2009, avec Jean-Claude Carrière, N'espérez pas vous débarrasser des livres. En 2004, il a coordonné l'édition du livre illustré Histoire de la beauté (Flammarion), et en 2007, celle d'Histoire de la laideur (Flammarion).
Editions Flammarion
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En novembre 2009, conférences, concerts, Musique filmée, Projection/Concert, Art contemporain, Colloque, Littérature, Spectacle, Vidéo, Exposition, Edition, Signatures
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Après Robert Badinter, Toni Morrison, Anselm Kiefer et Pierre Boulez, Umberto Eco est le Grand Invité du musée du Louvre en novembre 2009. « Vertige de la liste » est le titre que l’écrivain a imaginé pour proposer cette programmation pluridisciplinaire, vertige en art, en histoire de l’art, en littérature et en musique.
Après Robert Badinter, Toni Morrison, Anselm Kiefer et Pierre Boulez, Umberto Eco est le Grand Invité du musée du Louvre en novembre 2009. « Vertige de la liste » est le titre que l’écrivain a imaginé pour proposer cette programmation pluridisciplinaire, vertige en art, en histoire de l’art, en littérature et en musique.
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Une liste c’est l’énumération de choses essentielles ou futiles, c’est l’arrangement aléatoire ou structuré d’éléments cohérents ou disparates, c’est un classement toujours provisoire, c’est l’organisation incongrue ou harmonieuse d’objets réels, virtuels, imaginaires ou symboliques, c’est l’entassement volontaire ou hasardeux d’ensembles homogènes, c’est l’accumulation de définitions nécessaires ou chimériques, c’est l’aboutissement dialectique du dialogue utopique entre le rêve et la raison. C’est le vertige qui nous prend devant l’agencement impossible du monde.
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D’un côté la « forme » avec son obsession de l’absolu, idéaliste, platonicienne, sûre d’elle et fondatrice. Elle définit les critères de l’esthétique, organise la notion d’œuvre –ouverte ou fermée. De l’autre l’idée de liste qui propose l’entassement, l’incohérent, l’incongru, l’énumération, l’accumulation comme ligne de conduite et preuve de sa santé. Une liste dit ce qu’elle dit et rien d’autre. Elle est sans issue, sans concession ni conclusion, sans but apparent, elle est sa propre finalité. L’Iliade montre le bouclier d’Achille, c’est une forme parfaite. Sculpté par Héphaïstos, méticuleusement décrit, ce bouclier est l’œuvre d’art totale, achèvement, mythique, objet fini et infini, noué sur sa réussite absolue. Il est la création artistique en elle-même. Mais l’Iliade propose aussi la longue liste chaotique, d’apparence maladroite, désordonnée, des armées partant pour la guerre. C’est l’énumération des armes, des navires et de leurs gréements, des bataillons issus de tous les ports et de toutes les iles, des capitaines et de leurs soldats, des armements. Le bouclier qu’Homère nous montre est, en réalité, une œuvre impossible à fabriquer –même par un Dieu-. Mais la liste des guerriers pour Troie est la plus précise et la meilleure description de la société achéenne. Ce qu’on sait des Grecs vient de là. Et ce savoir donne le vertige.
D’un côté la « forme » avec son obsession de l’absolu, idéaliste, platonicienne, sûre d’elle et fondatrice. Elle définit les critères de l’esthétique, organise la notion d’œuvre –ouverte ou fermée. De l’autre l’idée de liste qui propose l’entassement, l’incohérent, l’incongru, l’énumération, l’accumulation comme ligne de conduite et preuve de sa santé. Une liste dit ce qu’elle dit et rien d’autre. Elle est sans issue, sans concession ni conclusion, sans but apparent, elle est sa propre finalité. L’Iliade montre le bouclier d’Achille, c’est une forme parfaite. Sculpté par Héphaïstos, méticuleusement décrit, ce bouclier est l’œuvre d’art totale, achèvement, mythique, objet fini et infini, noué sur sa réussite absolue. Il est la création artistique en elle-même. Mais l’Iliade propose aussi la longue liste chaotique, d’apparence maladroite, désordonnée, des armées partant pour la guerre. C’est l’énumération des armes, des navires et de leurs gréements, des bataillons issus de tous les ports et de toutes les iles, des capitaines et de leurs soldats, des armements. Le bouclier qu’Homère nous montre est, en réalité, une œuvre impossible à fabriquer –même par un Dieu-. Mais la liste des guerriers pour Troie est la plus précise et la meilleure description de la société achéenne. Ce qu’on sait des Grecs vient de là. Et ce savoir donne le vertige.
A travers les siècles, d’Homère à Perec, la liste, ses traces et son vertige.
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Conférence d'ouverture
Lundi 2 novembre à 18h30
Présentation générale du thème « Vertige de la Liste »
par Umberto Eco.
Programme: Musée du Louvre
Umberto Eco.. comme j'ai aimé "le nom de la Rose" et comme en ce moment il me fait souffrir...;-) Je suis plongée, par obligation, dans son Essai" Comment faire une thèse"...
RépondreSupprimerSérieusement c'est un des auteurs les plus complets, Et tellement différent d'une oeuvre à l'autre..
Merci, ma Belle Kenza de nous tenir au courant de toutes ces nouveautés le concernant..
Mille et un bisous!
voici un hommage moderne à Claude Levi Strauss http://www.youtube.com/watch?v=K3RrTz_-7c0
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