mercredi 11 novembre 2009

Intérieurs, Les peintres de l'intimité

Intérieurs, Les peintres de l'intimité
Un très beau livre d'Art que je recommande vivement.
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Mot de l'Editeur: Une femme qui lit, une famille réunie autour d'un dîner convivial, le soleil entrant à flots dans une pièce vide... Depuis le XVIIe siècle, les artistes ont cherché à capter l'atmosphère particulière du foyer.
La peinture d'intérieur a fait son entrée dans l'art avec l'âge d'or de la peinture hollandaise, à travers l'oeuvre d'artistes tels que Pieter De Hooch et Jan Vermeer. Elle est restée présente tout au long du XVIIIe siècle. Mais le XIXe siècle a particulièrement mis en valeur l'importance du foyer, suscitant une floraison de tableaux d'intérieurs entre 1850 et 1920. Un grand nombre d'artistes européens et américains, parmi lesquels Pierre Bonnard, Claude Monet, Mary Cassatt, Vilhelm Hammershøi et Félix Vallotton, réalisèrent des oeuvres remarquables qui explorent plusieurs aspects de cette peinture : le mystère féminin du foyer, les effets de matières des objets quotidiens et des textiles, les jeux d'ombres et de lumières liés à la présence des portes et des fenêtres, synonymes de l'idée poétique de la domesticité. En portant un regard sensible sur leur époque, ces peintres de l'intime offrent un témoignage vivant sur la vie familiale et sociale, notamment la place et le rôle de la femme au sein du foyer. L'intérieur, qui ne servait que de simple arrière-plan aux personnages, est devenu au fil du temps un sujet à part entière, bouleversant les genres et la façon de peindre.
Si la représentation des intérieurs a toujours été présente tout au long de l'histoire de l'art, elle n'a jamais été reconnue comme genre. Illustrant son texte par un choix judicieux de tableaux évocateurs et fascinants, l'auteur plaide pour que la peinture d'intérieur soit réhabilitée et trouve sa place en tant que genre à part entière.
Après avoir obtenu son doctorat à l'Université de Londres, Frances Borzello s'est spécialisée en histoire sociale. Elle a publié précédemment Femmes au miroir : une histoire de l'autoportrait féminin (traduit de l'anglais par Maris Muracciole, Thames & Hudson, Paris, 1998,).
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Marie-Denise Villers 1747-1821, Jeune fille dessinant
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Adolph Menzel 1815-1905, La chambre au balcon
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Extrait du livre: Qu'est-ce qu'un intérieur domestique?
Bonheur, foyer, chaleur, lumière. Dans les peintures, l'intérieur domestique est un lieu enchanteur. Il évoque de plaisantes visions d'harmonie familiale, de lumière entrant à flots par les fenêtres ou diffusée par une lampe, et de mobilier de style ancien.
Dans ces tableaux, nous cherchons à apprendre quelque chose sur nous. Nous au singulier, mais aussi nous au pluriel. Les carrelages noir et blanc des intérieurs hollandais du XVIIe siècle, les meubles cirés de la Vienne du début du XIXe, les sofas recouverts de chintz et les papiers peints à motifs des salles de séjour impressionnistes donnent vie à la sécheresse des mots de l'histoire en nous offrant un voyage dans le passé. Les empires s'élèvent et s'écroulent, les guerres apportent chagrin et horreur, on découvre des continents et l'on invente des ordinateurs, mais ces images nous racontent qu'au milieu de tout cela, les femmes jouent du piano, les hommes boivent du vin et les enfants marchent à quatre pattes sur les tapis, que telle famille vivait dans un intérieur d'une austère élégance et que telle autre était à l'aise dans le désordre. Ces peintures satisfont notre curiosité sur nos prédécesseurs, en exposant devant nos yeux les réponses à nos questions.
Peu importe que bon nombre de ces pièces soient imaginaires. Nous regardons ces intérieurs pour la même raison que nous lisons des romans, pour mieux comprendre d'autres vies et d'autres époques, et ce, d'une manière agréable. L'intérieur représenté peut être une invention mais, comme le roman, il nous raconte ce que c'est qu'être humain et, comme dans le roman, les détails de la vie quotidienne permettent à cette scène intimiste d'échapper à son époque et de s'inscrire dans la nôtre. Plus encore, le foyer domestique dans l'art nous rassure sur le fait que nous ne sommes pas seuls. Il nous conforte dans l'espoir que la famille continue de vivre après nous. Nous ignorons ce qui s'est passé avant notre naissance. Nous ignorons ce qui se passera après notre mort. Mais un intérieur plein de vie nous relie à l'humanité, nous conforte dans l'idée qu'il existe d'autres personnes comme nous et que nous faisons partie de quelque chose de plus vaste que nous.
Editions: Hazan
. Harriet Backer 1845-1932, La Bibliothèque de Thorvald Boek
~~~Georg Friedrich Kersting 1785-1847, Jeune fille brodant
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Gustave Caillebotte 1848-1894, Jeune homme jouant au piano

~~~Edouard Vuillard 1868-1940, La Comtesse de Polignac
~~~ Édouard Manet, 1832-1883, La lecture

~~~ Edmund C. Tarbell 1862-1938, La Salle du petit déjeuner

~~~Sir William Orpen 1878-1931, Nuit (n°2)

4 commentaires:

  1. Oh qu'il est beau et non déjà vu.
    Je le mets sur ma liste au Père Noël.
    Merci
    Douce nuit à toi chère Kenza.

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  2. Comme je suis heureuse d'avoir pu venir admirer ce Post avant de me retirer, ma chérie!
    Ce livre est merveilleux et comme elle a raison, on apprend énormément de choses en contemplant ces tableaux! Je me reconnais cette curiosité, pouvoir imaginer plus facilement comment vivaient, toutes portes closes, les personnes de telle ou telle époque..
    Ces tableaux sont splendides et enrichissants!

    Un grand merci, ma belle Kenza d'avoir planté ce beau décor pour notre thé nocturne... Cela m'a remis sur pieds, demain je serai d'attaque..
    Mille et un doux bisous, ma douce Princesse...Bonne nuit!

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  3. Ces tableaux nous invitent á partager l´intimité de foyers surprenants.
    Un livre très original .

    Besos desde Málaga.

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  4. Un très beau choix de toiles qui reflètent l'atmosphère intimiste de ces scènes. Le soleil y entre à flots, auréole une silhouette, nimbe une bibliothèque à moins que ce ne soit la lune qui esquisse des ombres dans la nuit... Des lieux dans leur délicieuse simplicité. Quelle belle note!!!

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«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard