*****
"Quand vous rencontrez par les rues une petite procession de femmes qui portent sur leur tête des plateaux sans capuchon, remplis de quelques livres de dattes, de cierges, de henné et de pièces d'étoffe, souhaitez le bonheur à deux fiancés que sans doute vous ne connaîtrez jamais. Ces dattes, ce henné, ces étoffes portés dans ces plateaux, c'est le premier cadeau qu'un fiancé envoie à sa fiancée, aussitôt après la prière qui a rendu l'annonce de son mariage officielle.
Que de fois j'ai accompagné à travers les rues et les ruelles, ces offrandes nuptiales, mollement balancées sur la tête des vieilles négresses! De quel destin suivais-je le sillage? Ces présents qui m'entraînaient à leur suite donnaient un but, pour un instant, à cette confuse rêverie, un peu pareille à la migraine, que promène dans une ville étrangère le voyageur désoeuvré. Je me laissais conduire quelque part, où? je ne savais pas, en un endroit où quelque chose, qui n'était pas de l'amour, allait unir deux êtres inconnus de moi (peu importe!) mais, chose incompréhensible pour l'esprit d'Occident, deux êtres inconnus à eux-mêmes. Il y avait là de quoi rêver, si longue et compliquée que fût la promenade à travers la foule pressée ou le désert des ruelles mortes. Et soudain un coup de marteau, un de ces bruits sourds et si tristes, comme ces sonnettes qui tout à coup viennent remuer le silence de nos vieilles rues de province. Négresses et cadeaux, tout s'engouffre par la porte ouverte. Aussitôt des youyou éclatent. Pour créer le bonheur l'amour n'est donc pas nécessaire? Du henné, quelques cierges, quelques mètres de soie, et toute la maison délire!"
Que de fois j'ai accompagné à travers les rues et les ruelles, ces offrandes nuptiales, mollement balancées sur la tête des vieilles négresses! De quel destin suivais-je le sillage? Ces présents qui m'entraînaient à leur suite donnaient un but, pour un instant, à cette confuse rêverie, un peu pareille à la migraine, que promène dans une ville étrangère le voyageur désoeuvré. Je me laissais conduire quelque part, où? je ne savais pas, en un endroit où quelque chose, qui n'était pas de l'amour, allait unir deux êtres inconnus de moi (peu importe!) mais, chose incompréhensible pour l'esprit d'Occident, deux êtres inconnus à eux-mêmes. Il y avait là de quoi rêver, si longue et compliquée que fût la promenade à travers la foule pressée ou le désert des ruelles mortes. Et soudain un coup de marteau, un de ces bruits sourds et si tristes, comme ces sonnettes qui tout à coup viennent remuer le silence de nos vieilles rues de province. Négresses et cadeaux, tout s'engouffre par la porte ouverte. Aussitôt des youyou éclatent. Pour créer le bonheur l'amour n'est donc pas nécessaire? Du henné, quelques cierges, quelques mètres de soie, et toute la maison délire!"
Extrait: Jérôme et Jean Tharaud, Fes ou les bourgeois de l'Islam
J'ai eu l'occasion en Tunisie de voir dans les vitrines des paniers fourrés de satin blanc et remplis de cadeaux, parfums, sucreries, henna et beaucoup d'autres choses pour l'offrir à la fiancée.. avec le poisson porte-bonheur couvert de paillettes dorées et argentées.. tu m'as plongée dans mes souvenirs, Kenza, de merveilleux souvenirs dont j'alimente, ces jours-ci, ma nostalgie...
RépondreSupprimerCe tableau, me permet d'entendre les youyou, me plonge dans cette fête..
Merci, ma Belle Kenza.. Merci pour venir me chercher dans notre Oasis..
Mille et un baisers!
Des présents si précieux, et une promesse de bonheur,peut-être? Le tableau est superbe! Etranges mariages arrangés...Le mariage tunisien auquel j'ai eu la chance d'assister n'a rien perdu de ces fastes,l'amour en prime: Joie de la modernité :)))
RépondreSupprimer