lundi 11 juillet 2011

La Faunesse à genoux, Auguste Rodin

Auguste Rodin (1840-1917), Faunesse à genoux, vers 1890. Marbre
Donnée par Rodin à Puvis de Chavannes probablement en août 1890.
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La Faunesse à genoux, un marbre de 55 cm réalisé par Auguste Rodin en 1887, a été acquis pour 724 000 euros mercredi 6 juillet 2011, lors de la vente d’Art Moderne et Impressionniste de la maison Cornette de Saint Cyr.

Figure emblématique dans l'oeuvre de Rodin, la Faunesse à genoux, traduit magistralement la place que tient la femme dans l'imaginaire du sculpteur, à la fois inspiratrice et pécheresse, où au-delà des apparences de la femme s'étirant dans sa nudité et offrant un corps délicat se cache une créature aux traits carnassiers guettant les faiblesses de ses proies masculines.

Conçue pour la Porte de l'Enfer où elle apparaît dans la partie droite du Tympan, cette pièce extraordinaire exprime tout le génie de Rodin, l'un des plus grands sculpteurs et artistes de l'histoire moderne et nous laisse pénétrer dans son univers le plus intime.

La Porte de l'Enfer est l' oeuvre majeure de Rodin, son obsession, « le journal de sa vie sculptée » comme il le disait lui-même.
En 1880 Rodin reçut de la direction des Beaux-Arts la commande d'une porte monumentale destinée au Musée des Arts Décoratifs dont l'emplacement retenu à l'époque correspond à celui de l'actuel Musée d'Orsay.
A partir de cette date, il travailla jusqu'à la fin de sa vie, sur cette commande, acte fort de reconnaissance pour Rodin alors encore peu connu du grand public.

Le thème choisi pour la Porte s'inspire de la Divine Comédie de Dante dont Rodin était un grand admirateur ayant toujours un volume de ses œuvres avec lui.
Rodin s'attèle à cette tâche avec un enthousiasme et une énergie sans limite et se focalisera sur la partie sombre de l' oeuvre, l'Enfer.

Après plusieurs projets, le plâtre de l'ensemble de la Porte est moulé et monté en 1884.
En 1885, Rodin fait faire des devis pour la fonte, mais la Porte ne cesse d'évoluer sans programme défini.
De façon spontanée, des figures s'y ajoutent.
A tel point qu'en 1888, Rodin n'en expose que des fragments à L'Exposition Universelle.
En 1900, elle semble promise au nouveau Palais des Beaux-Arts, aujourd'hui Grand Palais, mais le projet n'aboutit pas non plus.
Dans l'esprit de Rodin, sa Porte n'est toujours pas achevée.
La même année, « cette œuvre dont on parle chaque jour mais qu'on ne voit jamais » (Gustave Larroumet Le Figaro 12 janvier 1895) est présentée enfin au public à l'occasion de l'exposition personnelle de Rodin, place de l'Alma, en marge de l'Exposition Universelle.

A la surprise général, et notamment de ceux qui avaient eu la chance de voir l' oeuvre dans l'atelier de Rodin, le modèle présenté est incomplet, épuré de ses principales figures.
Elle apparaît comme une œuvre symboliste, presque abstraite. (Choix très vraisemblablement volontaire de la part de Rodin)
Elle passe ainsi pratiquement inaperçue aux yeux du public.
Peu après le projet du Musée des Arts Décoratifs est définitivement abandonné et en 1904 la commande de la fonte est annulée. Suite de l'article: Cornette de Saint Cyr

6 commentaires:

  1. Absolument magnifique! Je suis subjuguée...

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  2. Quelle merveille cette sculpture , c'est étonnant
    tellement c'est pur , un régal , merci . EB

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  3. Quelle beauté ce marbre!
    c'est exactement cela: fragile et prédateur...

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  4. Une véritable merveille !
    Bravo ce billet splendide.
    bisous
    Danielle

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  5. certes j'ai un corps délicat mais ai-je vraiment des traits carnassiers ? OK je sors =>

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«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard