mercredi 4 mai 2011

A ma belle lectrice, Louis Bouilhet

Władysław Bakałowicz (1833-1903), Lecture
***
Oh ! Votre voix sonnait brève, lente ou pressée,
Suivant les passions et les rythmes divers,
Puis, s'échappant soudain légère et cadencée,
Sautait, comme un oiseau, sur les branches du vers !

Moi - j'écoutais - perdu dans de lointains concerts,
Ma pauvre poésie à vos lèvres bercée :
Heureux de voir glisser mon âme et ma pensée
Dans votre souffle ardent qui remuait les airs !

Et j'oubliai bientôt - pardonnez mon délire -
Paulus et Mélaenis, Commodus et l'empire,
Pour regarder les plis de votre vêtement,

Votre front doux et fier, votre prunelle noire,
Songeant que j'étais fou de réveiller l'histoire,
Quand j'avais sous les yeux un poème charmant !

Louis Bouilhet

11 commentaires:

  1. Extraordinaire description de la rêverie qui s'empare de nous, souvent à nos dépens, lorsque nous écoutons quelqu'un et que nos yeux finalement prennent le dessus... c'était parfois mon cas avec mes professeurs hélas !
    Une illustration très exactement choisie !
    Bisous ma Kenza !

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  2. "pardonnez mon délire"... magnifique!

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  3. Difficile de bouder un tel boudoir...

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  4. Quelle époque , quel belle toile , avec ce sujet enlevé , belle soirée .EB

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  5. ces mots se lisent et se regardent comme cette peinture ...

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  6. Moi qui me suis lancé par amusement dans cette thématique, j'envie ce peintre…

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  7. Elle est gironde et enjouée cette lectrice ;-)

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  8. parvenir à faire rever un auteur quand on lit ses propres mots(si j'ai bien compris) c'est la chose la plus extraordinaire,non?
    la peinture illustre à merveille ce propos.

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  9. Tout à fait extraordinaire.

    Bisous.

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  10. Une belle toile et un beau texte qui exprime une rêverie.

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  11. Superbe délire
    quand lire fait le délire
    avec une lectrice bien dévêtue il faut dire :-)
    Bises Kenza !

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«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard