Pendant de cou Princesse lointaine
© David Behl/Adagp, Paris 2006
. René Lalique entre dans le métier en 1880, comme dessinateur de bijoux pour les joailliers du Palais-Royal. Il se fait rapidement remarquer par la qualité et l'originalité de ses dessins, entre autres par Alphonse Fouquet qui réalise alors des bijoux inspirés par la Renaissance : “Je ne connaissais pas de dessinateur en bijou, enfin, en voici un” (1884). En 1885, il accepte la proposition d'un joaillier de reprendre son atelier. Il y réalise pendant plusieurs années de la joaillerie pure, avec le concours des ouvriers dirigés par Paul Briançon qui l'assistera durant vingt ans. Il participe à l'Exposition universelle de 1889 en tant que collaborateur anonyme de Vever et de Boucheron. La multiplicité des commandes le contraint à agrandir ses ateliers : rue du Quatre- Septembre, puis au 20 rue Thérèse, à l'angle de l'avenue de l'Opéra, en 1890. Il dispose alors d'une trentaine d'ouvriers. Deux ans plus tard, il s'engage dans une époque de surmenage, travaillant sans relâche, dessinant, modelant, faisant des études et des essais techniques de tous genres, sans interruption, avec la volonté d'arriver à un résultat nouveau et de créer quelque chose qu'on n’aurait pas encore vu.” Il acquiert la capacité d'une conception globale de l'oeuvre en la suivant au cours de toutes ses étapes : du dessin ou du modelage d'après nature, ou encore des photographies réalisées à Clairefontaine à partir de 1898, à l'oeuvre achevée sur laquelle il peut graver son nom, en capitales, et poser son poinçon.
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En 1890, il rencontre Augustine-Alice Ledru, dont le père et le frère, deux sculpteurs praticiens de Rodin, réalisent des modèles dont il s'inspire pour ses bijoux. Délaissant les matériaux traditionnels - platine, diamants, pierres précieuses serties - et les ornements - noeuds et rubans hérités du XVIIIe siècle, styles historiques… - il leur préfère l'or ciselé, l'émail, l'opale et la pierre de lune, ses pierres favorites, ainsi que des matières inattendues comme la corne, l'ivoire puis, le verre.
La femme est l'un des grands thèmes des bijoux de Lalique, dès le début de son oeuvre personnelle : visages de profil ou de face, évoquant les traits d'Alice, ou mutante, métamorphosée en scarabée, en libellule, en insecte, en paon, associée au monde végétal, floral, animal, jusqu'à son équivalent symboliste, le cygne, “la nudité permise” (Bachelard). Passionné par le spectacle de la Nature, dont il dessine les aspects les plus“modestes” à l'instar de Viollet-le-Duc et des artistes japonais, il recherche au Jardin des Plantes, fleurs et plantes exotiques. Il restitue les formes et couleurs de la flore - iris, chardons, muguet, anémones, roses, orchidées, gui… - et de la faune - insectes, reptiles, oiseaux… - avec la riche gamme des émaux et le secours du verre dont il maîtrisera progressivement les techniques.
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Le climat intellectuel et plastique suscité par les poètes et les peintres symbolistes lui suggère des thèmes nouveaux à l'origine de créations qui transgressent les codes du bijou. A partir de 1894, il exposera régulièrement au Salon de la Société des Artistes Français. Sa participation aux Expositions universelles de 1900 à Paris, puis à Saint- Louis (Etats-Unis) en 1904, contribueront à édifier une renommée internationale jusqu’en Russie.
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L'envoi de Lalique à l'Exposition de 1900 est à la hauteur de l'enjeu de la manifestation. Sous un vol de chauves-souris, derrière une grille de femmes-libellules en bronze, c'est une profusion de gemmes colorées et de perles nacrées, d'ivoires pâles et de cornes blondes, d'ors brillants et d'émaux subtils, que se dispute un florilège de célébrités appartenant à l'aristocratie russe, viennoise, française, au monde de la politique et de la culture, dont sa grande amie Sarah Bernhardt, et surtout, son plus fidèle ami et collectionneur, Calouste Gulbenkian.
Au Salon de 1901, la vitrine de Lalique a un autre ton, une blancheur accusée par l'emploi du verre et de sa transparence et le retour du diamant. Travaillé dès 1890, le verre est prioritaire à présent, favorisé par la rencontre avec le parfumeur François Coty, et la construction de son propre hôtel, Cours La Reine en 1902, pour lequel il fabrique des dalles de verre destinées aux deux portes d'entrée. Une nouvelle aventure commence où il applique les recherches faites pour le bijou, enracine progressivement la verrerie d'art dans l'histoire industrielle du XXe siècle.Artisan bouleversant les traditions, engagé dans la révolution esthétique de la fin du XIXe siècle, Lalique crée des oeuvres dépassant le cadre de l'artisanat et de l'art décoratif dit“mineur” et que cette exposition mettra en valeur. Rassemblant près de 400 oeuvres -études, dessins, modèles, bijoux, objets, photographies, peintures, sculptures…, - réalisées entre 1890 et 1912 par René Lalique et ses contemporains, elle permettra d'appréhender la personnalité et l'oeuvre de Lalique à l'aune de son époque.
Source: Musée du Luxembourg, Yvonne Brunhammer
Exposition Lalique, Musée du Luxembourg Paris, Mars-juillet 2007
Voilà encore une très jolie note! Des merveilles de raffinement, jeux de formes, de matières et de transparences qui invitent à la rêverie.
RépondreSupprimerJe te souhaite une nuit émaillée de doux rêves
Oui, Lalique est à l'apogée de sa créativité dans les bijoux Art Nouveau. Beaux bijoux. Bonne soirée
RépondreSupprimerBonjour, quelles merveilles d'élégance! C'est un ami créateur de bijoux qui m'avait parlé d'une manière plus approfondie de Lalique, de sa capacité de rendre nobles même les matériaux comme la corne...
RépondreSupprimerVous m'inspirez pour un post sur Codognato, à bientôt et une excellente journée à vous.
Ton sujet est magnifique ! j'adore Lalique depuis très longtemps !
RépondreSupprimerLe pendentif est une merveille mais j'ai toujours été attirée par ses libellules ! As-tu vu l'expo , je vais prendre le temps de regarder la petite vidéo. Le musée du Luxembourg est un beau lieu pour exposer, Ange y avait fait "Peintres de leur temps"...
Lalique a fait le Salon des Artistes Français, le plus vieux salon , il remonte à Colbert et il existe encore aujourd'hui...
J'ai une charmante colombe de Lalique, c'est la seule chose que je possède.
Les morceaux de musique que tu passes sont très doux et j'aime, mais mon oreille était habituée à Billie !
Bonne journée
Danielle
Cette exposition était remarquable; Pour notre anniversaire de mariage j'avais organisé une virée à Paris et offert, entre le cirque du Soleil et la visite de quelques autres musées, des billets pour cette expo; Nous n'avons rien regretter, le Musée du Luxembourg ayant une taille humaine.
RépondreSupprimerCela me donne l'idée de me replonger dans le catalogue "connaissance des arts" à ce sujet.
Bonjour, votre blog est un régal pour les yeux et l'esprit!
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