"Les mensonges ont de curieux pouvoirs:
celui qui les a inventé leur obéit."
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Baptiste Bordave menait une vie ordinaire jusqu'au jour où un inconnu sonne à sa porte. L'homme, d’origine suédoise, prétend qu’il est en panne et réclame de l’aide. Mais une fois à l’intérieur, il compose un numéro de téléphone et tombe brusquement, terrassé par une crise cardiaque. Baptiste veut alerter la police, mais après réflexion, il se ravise et décide finalement de tourner la situation à son avantage. En usurpant l'identité du suédois, il va pouvoir enfin changer de vie !
Dès le premier chapitre, Amélie Nothomb plante le décor, théâtral et surréaliste comme elle les aime et vous tient en haleine jusqu’à la dernière page. La destinée rocambolesque de Baptiste Bordave devenu Olaf Sildur intrigue, dérange, questionne, mais ne laisse pas indifférent. Vous attendez l’issue et tournez les pages les unes après les autres, puis au bout de deux heures, vous vous rendez compte que vous avez fini de lire le roman sans jamais vous ennuyer. Vous fermez le livre et toujours dans l’attente, vous restez sur votre faim !
C'est le troisième roman d'Amélie Nothomb que je lis. J'avais beaucoup aimé
Stupeur et tremblements, détesté
Hygiène de l'assassin et moyennement aimé
Le fait du prince.
~Biographie~
Fille de l'ambassadeur et écrivain belge Patrick Nothomb, Amélie Nothomb est née le 13 Août 1967 à Kobe au Japon. Bilingue dès son très jeune âge, elle est profondément marquée par la culture nippone qu'elle affectionne et qu'elle transpose régulièrement dans ses écrits, comme dans
Stupeur et tremblements, ou dans
Ni d'Eve, ni d'Adam. Adulée, critiquée, connue et reconnue, Amélie Nothomb ne laisse personne indifférent. Ses écrits sont très attendus, elle publie un roman par an et a remporté plusieurs prix littéraires.
~Extrait~
"Mon centre de gravité avait déjà quitté Baptiste pour Olaf. Je ne me rappelais même pas ce que je faisais avant. Avec effort, j'aurais pu m'en souvenir. Je ne produirais pas cet effort: si ma précédente activité ne me sautait pas d'emblée à la mémoire, c'était qu'elle n'en valait pas la peine. Ce devait être l'un de ces boulots interchangeables que l'on accepte pour payer le loyer. Je préférais de loin le métier intraduisible de mon cadavre. Cela éveillait l'imagination. Jamais je n'apprendrais le suédois. Je ne voulais pas découvrir que j'étais comptable ou assureur.
Sur le sol, le Scandinave ne donnait encore aucun signe de rigidité. Son identité quitterait sans heurt ce corps flasque pour m'envahir.
_Baptiste, lui dis-je. Tu es Baptiste Bordave, je suis Olaf Sildur.
Je me pénétrais de cette légitimité neuve. Olaf Sildur: cela me plaisait plus que Baptiste Bordave. J'y gagnais au change. Sur les autres tableaux, serais-je gagnant? Cette incertitude m'excitait."