samedi 23 juin 2012

mercredi 20 juin 2012

L'invitation au voyage, Charles Baudelaire

Antonio Mancini (1852-1930), The Customs
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

Femme artistes, Passion, muses et modèles - Château de Chamerolles

Femme artistes, Passion, Muses et Modèles
Du 16 juin au 19 août 2012
Grande Halle du 

« Les femmes apportent dans l’art comme une vision neuve et pleine d’allégresse de l’univers »
Apollinaire, Méditations Esthétiques

 L'exposition  Femmes artistes, Passions, Muses, Modèles, présentée dans la Grande Halle de  Chamerolles (Loiret), du 16 juin au 19 août 2012, propose de (re)découvrir ces femmes qui ont été tour à tour inspiratrices et créatrices dans une histoire de l'art qui les a trop souvent oubliées.

 Pour la  première fois,  plus de 200 œuvres et 150 documents nous plongent dans une histoire passionnée et passionnante,  retraçant la vie de ces femmes, artistes, muses et modèles  dont le parcours coïncide avec les grandes avancées sociales et artistiques de leur temps.

 De la mythique Artémisia Gentileschi à Niki de Saint  Phalle, du  XVIIème siècle au XXème siècle,
Femmes artistes expose les œuvres de femmes souvent méconnues, aux côtés des peintures et sculptures des maîtres qui vécurent à leur époque, à leurs côtés, dans un dialogue créateur et nécessairement enrichissant.

 Carte blanche a été donnée à Sylvie Buisson, déjà commissaire de l'exposition Foujita à Chamerolles en 2010, grande spécialiste de l'École de Paris et auteur, en 2002, de l'exposition Elles de Montparnasse au Musée du Montparnasse, à Paris.

 Au total, près de  65 femmes artistes,  parmi lesquelles Berthe Morisot, Camille Claudel, Marie
Laurencin, Rosa Bonheur, sont réunies aux cotés de 53 hommes artistes dont  Rodin, Modigliani,
Fragonard, Picasso ou Christo.

 Grâce à des prêts issus de collections privées et de grands musées, des œuvres rarement montrées sont mises en lumière aujourd'hui à Chamerolles.

Jeanne-Élisabeth Chaudet, Petite fille mangeant des cerises 1817 
Huile sur toile, 78 x 62 cm. Legs Paul Marmottan, 1932. Musée Marmottan, 
Paris ©Musée Marmottan Monet, Paris,  France/Giraudon/The Bridgeman Art Library

Marguerite Gérard, Jeune femme agenouillée, de profil à droite 
Sanguine rehaussée de blanc sur papier, 28,3x27, 3cm. Don Paul Fourché, 1907, Inv. 737
Musée des Beaux-Arts, Orléans © cliché François Lauginie

Jean-Honoré Fragonard, Jeune femme debout, en pied, vue de dos
Sanguine, légère préparation à la pierre noire, 37x25cm 
Musée des Beaux Arts, Orléans © cliché François Lauginie

Mary Cassatt, Mère et enfant. Esquisse, pastel sur papier. 44x37cm, Collection particulière

Ossip Zadkine, Les Trois Grâces 1933 Gouache sur papier 62'5  x 47,5 cm
Coll. Quintessens, Pays Bas Adagp, Paris 2012

Camille Claudel, Femme accroupie. Bronze, fonte La Plaine 
d’après l’original de 1885, 37 x 37 x 24 cm. Musée DuboisBoucher, Nogent-sur-Seine
Nogent-sur-Seine, musée Paul Dubois-Alfred Boucher, cliché Yves Bourel

Jeanne Hébuterne, Autoportrait 1917. Huile sur carton marouflé sur toile 58x42cm.
Collection particulière

Jeanne Hébuterne, Autoportrait 1916. Huile sur carton 50 x 33.5 cm. Signé en haut à gauche.
Association des Amis du Petit-Palais, Genève crédit studio Monique Bernaz, Genève

Photo supprimée
Amedeo ModiglianiPortrait de femme (Élisabeth Fuss-Amoré) 1916
 Huile sur toile 55x33cm. Signé en bas à gauche. Acquis de l’artiste par E. Fuss-Amoré. Collection particulière

lundi 18 juin 2012

Merci...

Anne Vallayer-Coster (1744-1818), Fleurs dans un vase de verre
Avec ce bouquet virtuel, je remercie la personne qui a pris le soin
d'écrire un précieux commentaire sur mon billet:
Cette personne restée dans l'anonymat se reconnaîtra et comprendra aisément
que je ne peux publier son commentaire pour l'instant, je le ferai ultérieurement...
J'aimerai sincèrement vous remercier personnellement:
theaujasmin.kenza@gmail.com

Quatre petits bouts de pain, Magda Hollander-Lafon

                      «Mon baluchon est plein de paroles qui ne sont pas encore venues au monde.»


Quatrième de couverture

  Ce livre n'est pas un témoignage sur la Shoah, mais une méditation sur la vie. A seize ans, Magda Hollander-Lafon a été plongée dans un monde de ténèbres : juive hongroise, elle a été déportée à Auschwitz-Birkenau en 1944 avec sa famille, qui y a péri. Arrachées à cette expérience de la mort, ces pages sont nées d'une longue traversée tissée de renaissances. La première fut le don de quatre petits bouts de pain offerts à l'adolescente par une mourante dans le camp.
  L'homme est capable du pire, mais c'est au meilleur qu'appelle Magda Hollander-Lafon, c'est-à-dire à la joie. Une joie spirituelle ravie à la désespérance, volée à l'enfer qui a failli l'engloutir, nourrie par une vie de foi et de rencontres d'âme à âme. Une joie dont elle partage ici toute la fécondité et qui resplendit en un vibrant appel à devenir créateur de sa vie.


Extraits

  A Birkenau, une mourante m'a fait signe: ouvrant sa main qui contenait quatre petits bouts de pain moisi, d'une voix à peine audible, elle m'a dit: "Prends. Tu es jeune, tu dois vivre pour témoigner de ce qui se passe ici. Tu dois le dire pour que cela n'arrive plus jamais dans le monde." J'ai pris ces quatre petits bouts de pain, je les ai mangés devant elle. J'ai lu dans son regard à la fois la bonté et l'abandon. J'étais très jeune, je me suis sentie dépassée par ce geste et par la charge qu'il sous-tendait.
  J'ai longtemps oublié cet événement.

  En 1978, Darquier de Pellepoix a dit: "A Auschwitz, on n'a gazé que des poux." La perversion de cette parole m'a révoltée et fait remonter en moi la mémoire du geste de cette femme. J'ai revu son visage. Je ne pouvais plus me taire.
***

  Ma vie s'est arrêtée à seize ans, en pleine crise d'adolescence, en pleine crise avec mes parents. A Auschwitz, j'ai quitté ma mère et ma soeur, sans un regard, sans un geste, et lorsque je me suis interrogée sur leur absence, une kapo polonaise d'un ton indifférent m'a dit: "Regardez la cheminée en flammes, ils sont déjà tous dedans." Ma vie s'est arrêtée, une seconde fois.
  J'étais pétrifiée par l'horreur de cette vision, par le remords de n'avoir pu dire au revoir aux miens, leur demander pardon. Je me suis laissée sombrer dans un épais chagrin, dans un désespoir sans fond. Si je n'avais pas étouffé immédiatement cette désespérance, je crois que j'aurai perdu la raison.

       Magda Hollander-Lafon a reçu pour ce poignant ouvrage le Prix du Livre de Spiritualité 2012

lundi 11 juin 2012

Beauté de l'âme...

Ralph Elmer Clarkson (1861-1942), Nouvart Dzeron, A Daughter of Armenia, 1912
« Aucune grâce extérieure n'est complète si la beauté intérieure ne la vivifie. 
La beauté de l'âme se répand comme une lumière mystérieuse sur la beauté du corps. »
Victor Hugo

Et Domergue créa... La Parisienne

Jean-Gabriel Domergue, Joséphine Baker, 1940 © adagp, Paris 2012
Et Domergue créa... La Parisienne
Du 8 juin au 16 septembre 2012

Le Musée du Montparnasse (Paris) s’est rapproché de la ville de Cannes, du Centre d’art la Malmaison et de la Villa Domergue pour proposer une exposition consacrée à Jean Gabriel Domergue (1889-1962) dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de sa disparition.
Cet événement a pour objectif de présenter hors les murs une partie de la collection cannoise au public parisien, au regard de l’activité artistique de ce peintre qui a essentiellement travaillé dans ces deux villes.
L’exposition s’articule autour du thème de « la Parisienne » en proposant une dizaine d’œuvres issues de la collection Domergue / ville de Cannes, complétée par des tableaux provenant de la collection privée Janet et Howard Thomas.

Birdy, Shelter

Birdy, Shelter

mercredi 6 juin 2012

Jules-Élie Delaunay, Portraits

Jules Elie Delaunay (1828-1891), Portrait de Madame Marie Toulmouche

Jules Elie Delaunay, Portrait de Madame Mestayer

Jules Elie Delaunay, Portrait de Madame Raoul-Alfred Philippe

Jules Elie Delaunay, Portrait de La Mère de l'artiste

Jules Elie Delaunay, Portrait de Stéphanie Brousset

« La postérité mettra à leur juste place ces beaux portraits, ces décorations puissantes, 
ces fiers dessins dont la gravité loyale ne cherchait pas les regards de la foule.
 En dédaignant la popularité, Delaunay aura peut-être trouvé la gloire. » Georges Lafenestre


Jules-Élie Delaunay est un peintre néoclassique français, connu surtout pour ses peintures murales et ses portraits. Il entre en 1848 à l'École des Beaux-Arts de Paris, où il est l'élève d'Hippolyte Flandrin et de Louis Lamothe. Deuxième au Prix de Rome en 1856, il séjourne quatre ans à la Villa Médicis. Il est élu membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1879 et devient chef d'atelier à l'École des Beaux-Arts en 1889.

Rodin, la chair, le marbre

Auguste Rodin (1840-1917), Paolo et Francesca dans les nuages. © Musée Rodin - Photo Christian Baraja
Rodin, la chair, le marbre
du 8 juin 2012 au 3 mars 2013

 Pendant les travaux de rénovation de l’hôtel Biron, la salle d’exposition temporaire de la Chapelle accueillera l’exposition Rodin, la chair, le marbre. Une cinquantaine de marbres et une dizaine de maquettes en terre cuite ou plâtre seront présentées, venant témoigner de l’importance de ce matériau et du traitement qui lui est réservé dans l’œuvre de Rodin.

 Si la critique moderne a fait avant tout de Rodin un modeleur et un homme du plâtre, ses contemporains avaient vu en lui le dominateur de la pierre devant lequel « le marbre tremble ». Contrairement à une idée reçue les marbres de Rodin, loin d’être conventionnels, selon ces mêmes critiques, donnent vie et forme à l’âme moderne, « cette psyché disloquée, brutale et délicate, fougueuse et lasse, négatrice et fervente ». Non content de faire jouer son sens de la synthèse plastique, Rodin sait animer un matériau classique voué, a priori, à l’immobilité. La chair, que les sculpteurs s’attachent à représenter depuis l’Antiquité, devient avec lui plus vivante que jamais.

Auguste Rodin (1840-1917), Aurore. © Musée Rodin - Photo Christian Baraja

Auguste Rodin (1840-1917), Petite fée des eaux. © Musée Rodin - Photo Christian Baraja

Auguste Rodin (1840-1917), La Danaïde. © Musée Rodin - Photo Christian Baraja

mardi 5 juin 2012

Sagan et fils, Denis Westhoff

Quatrième de couverture
  Françoise Sagan est morte le 24 septembre 2004, laissant une dette fiscale de plus d’un million d’euros et une œuvre, composée d’une trentaine de romans et d’une dizaine de pièces de théâtre, sur le point d’être purement et simplement liquidée. Denis Westhoff, son fils unique, décide, en 2006, d’accepter cette succession empoisonnée, hors norme.
  Il réalise alors que la femme publique, celle que tout le monde croit connaître, prodigue avec son argent, aimant vivre dangereusement et de préférence à cent à l’heure, lui est longtemps restée inconnue. Lui a été aimé et élevé par une mère qui a pris soin de le protéger des éclats de sa légende.
  L’envie de remettre les points sur certains i, de dire les choses telles qu’il les a vues, entendues, et non pas telles qu’on a bien voulu les interpréter, grandit peu à peu en lui. En repassant par certains lieux, en se remémorant des anecdotes, des moments forts, gais ou douloureux, des conversations intimes, en dessinant les portraits de ceux qui ont vraiment fait partie du cercle Sagan, il éclaire d’une lumière totalement inédite l’une des figures majeures de la littérature française.
  Ce livre n’a pas pour ambition de dire la vérité sur Sagan, mais une vérité. Celle d’un fils qui ose dire enfin, avec bonheur et liberté, ce qu’il a vécu auprès d’une mère pas tout à fait comme les autres.

Denis Westhoff est photographe. Il signe chez Stock son premier livre.

Françoise Sagan, (c) Jacques Rouchon 1954
Extrait
   Après un été parisien passé à lire Sartre, Camus, Cocteau, elle sera admise au couvent des Oiseaux, puis renvoyée pour « manque de spiritualité ». Il faut dire qu'elle y récitait Prévert: « Notre Père qui êtes aux cieux, restez-y. Et nous resterons sur la terre qui est si jolie. » Ce qui, dans un couvent, était très mal vu. Ma mère passe finalement ses deux bachots dont un à la session de rattrapage d'octobre, et s'inscrit à la Sorbonne en propédeutique. Mais les amphi-théâtres sont le plus souvent bondés et l'essentiel des cours se transforme bien vite en virées avec des amis dans le quartier Saint-Michel. Dans les conversations, il est beaucoup question de Dieu, de métaphysique et de politique. Et lorsqu'on a dix-sept ans en 1953 et que l'on s'intéresse à la littérature, les références sont Sartre et Camus, les deux écrivains qui occupent presque tout l'espace littéraire de l'époque.
  Qu'elle ait dix-sept ans, se sente sûrement plus proche de Sartre que de Camus et soit un peu mythomane ne suffit cependant pas à expliquer qu'elle se mette en tête d'écrire un roman. L'écriture est une envie dont elle est saisie, une vocation, et elle sait déjà qu'elle veut en faire son métier, je dirais même sa vie. «J'avais toujours pensé devenir écrivain. » Bonjour tristesse n'est pas le fruit d'un hasard, ni d'une lubie. Bonjour tristesse est la réalisation de cet amour vrai pour l'écriture, pour les mots et pour la littérature. Ma mère fait partie de ces écrivains qui ont beaucoup lu, des écrivains cultivés. Elle, qui justifie sa mythomanie comme naturelle à son âge, va prétendre auprès de ses amis et de ses proches qu'elle écrit un roman. Et à force de le dire - et parce que je suppose que l'on devait lui demander régulièrement des nouvelles de son texte -, elle finit par le faire. Bonjour tristesse naquit ainsi de sa passion pour la littérature et de cette « obligation » de devenir écrivain. La parution du roman fut une surprise qui éblouit tout le monde, elle la première. STOCK

dimanche 3 juin 2012

Joyeuse fête des mères!

Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875), Mother and Child
A toutes les mamans,
 je souhaite une merveilleuse journée et une très belle fête des mères!

Mots d'amour...

Frederick Goodall (1822-1904), Copt Mother and Child
« Ma mère ne parle pas d'amour. 
Ce mot, elle ne le prononce que pour ses enfants, elle dit je meurs pour toi, 
toi l'iris de mes yeux, l'arc-en-ciel de ma vie, je meurs pour toi. »
Tahar Ben Jelloun, Sur ma mère

Amour de ma mère...

Alfred Philippe Roll (1846-1919), Louise  Cattel Nourrice
« Amour de ma mère, à nul autre pareil. Elle perdait tout jugement quand il s'agissait de son fils. 
Elle acceptait tout de moi, possédée du génie divin qui divinise l'aimé, le pauvre aimé si divin. »
Albert Cohen, Le livre de ma mère
«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard