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dimanche 26 mai 2013

Ma mère, Émile Nelligan

González Julio (1876-1942), Portrait de Roberta et Pilar (C) Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Bertrand

Quelquefois sur ma tête elle met ses mains pures,
Blanches, ainsi que des frissons blancs de guipures.

Elle me baise au front, me parle tendrement,
D'une voix au son d'or mélancoliquement.

Elle a les yeux couleur de ma vague chimère,
Ô toute poésie, ô toute extase, ô Mère !

A l'autel de ses pieds je l'honore en pleurant,
Je suis toujours petit pour elle, quoique grand.

Émile Nelligan (1879-1941)

Bonne fête à toutes les mamans douces et aimantes!

Maurice Denis, Mother and Child

Maurice Denis (1870-1943), Bernadette and her mother - 1889

Maternité en bleu de profil - 1899

Maternité - 1901

Motherhood - 1895

Maternité aux manchettes de dentelle - 1895

Mother and Child - 1890

L'enfant au pantalon bleu - 1897

Mother and Child - 1895

Bernadette and her mother - 1895

dimanche 29 mai 2011

Fête des mères !

Bonnat Léon Joseph Florentin (1833-1922), Italienne. (C) RMN / René-Gabriel Ojéda. Bayonne, musée Bonnat
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A toutes les mamans,
je souhaite une inoubliable journée et une très belle fête des mères!
*

vendredi 20 mai 2011

Un mot d'amour

Giulio Aristide Sartorio (1860-1932), Madonna degli Angeli (Magnificat)
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J’entends au dessus de moi dans les cieux
Les anges qui chantent entre eux
Ils ne peuvent trouver de mot d’amour plus grand
Que celui-ci : Maman

Edgar Allan Poe

Billet publié et disparu le 11 mai 2011, jour du grand bug Blogger!
Je regrette les commentaires perdus et m'en excuse auprès de mes amis.
A la demande de Dsata qui me l'a gentiment réclamée, je publie
cette seconde version et la lui dédie.
***

dimanche 15 mai 2011

Sur ma mère, Tahar Ben Jelloun

Marguerite Delorme (1876-1946), Portrait de la marocaine aux bijoux. Pastel rehaussé
***

Quatrième de couverture
  « La mémoire défaillante de ma mère l'a replongée, pendant les derniers mois de sa vie, dans son enfance. Redevenue soudain une petite fille, puis une très jeune fille tôt mariée, elle s'est mise à me parler, à se confier, convoquant les morts et les vivants.
  L'amour filial, fort et passionnel, est souvent enrobé de pudeur et de non-dits. En racontant son passé, ma mère s'est libérée d'une vie où elle fut rarement heureuse. Pendant des journées entières, je l'ai écoutée, j'ai suivi ses incohérences, j'ai souffert et en même temps je l'ai découverte.
  Sur ma mère a été écrit à partir des fragments de souvenirs qu'elle m'a livrés. Ils m'ont permis de reconstituer sa vie dans la vieille médina de Fès des années trente et quarante, d'imaginer ses moments de joie, de deviner ses frustrations. Chaque fois, j'ai inventé ses émotions et j'ai dû lire ou plutôt traduire ses silences.
  Sur ma mère est un vrai roman car il est le récit d'une vie dont je ne connaissais rien, ou presque. » Tahar Ben Jelloun

Biographie
  Après avoir fréquenté une école primaire bilingue arabo-francophone, il étudie au lycée français de Tanger jusqu'à l'âge de dix-huit ans, puis fait des études de philosophie à l'université Mohammed-V de Rabat, où il écrit ses premiers poèmes — recueillis dans Hommes sous linceul de silence (1971).
  Il enseigne ensuite la philosophie au Maroc. Mais, en 1971, suite à l'arabisation de l'enseignement de la philosophie, il doit partir pour la France, n'étant pas formé pour la pédagogie en arabe. Il s'installe à Paris pour poursuivre ses études de psychologie.
  À partir de 1972, il écrit de nombreux articles pour le quotidien Le Monde.
  En 1975, il obtient un doctorat de psychiatrie sociale. Son écriture profitera d'ailleurs de son expérience de psychothérapeute (La Réclusion solitaire, 1976).
  En 1985, il publie le roman L'Enfant de sable qui le rend célèbre. Il obtient le prix Goncourt en 1987 pour La Nuit sacrée, une suite à L'Enfant de sable.
  Tahar Ben Jelloun vit actuellement à Paris avec sa femme et ses enfants (Merième, Ismane, Yanis et Amine), pour qui il a écrit plusieurs ouvrages pédagogiques (Le Racisme expliqué à ma fille, 1997). Il est aujourd'hui régulièrement sollicité pour des interventions dans des écoles et Universités Marocaines, françaises et européennes. Wikipédia

Extraits
  "L'après sbohi, après la deuxième nuit, ma mère, comme toutes les jeunes mariées, a été mise à l'épreuve par sa belle mère: un porteur livra trois aloses, ce poisson migrateur qui remonte le Sebou au printemps, un poisson aux mille et une arrêtes, au goût particulier et connu surtout pour être difficile à préparer.
  Ma mère retroussa ses manches et s'installa à la cuisine où personne ne devait l'aider. Elle a passé toute la matinée à nettoyer les trois poissons et ensuite les a fait mariner dans une sauce faite de coriandre, de cumin, de piment rouge doux et d'un autre légèrement piquant, d'un peu d'ail, de sel et de poivre. Une partie du poisson en tajine, et une autre frite dans une huile légère.
  Vers une heure de l'après-midi, les deux plats furent mis dans un tbak et envoyés à la belle-famille. Le tout accompagné d'un grand plateau de dattes dites " dattes ignorées" et d'une corbeille de fruits de saison.
  Ce jour-là, ma mère ne mangea pas. Pas d'appétit. Elle attendait le retour des plats. Vers la fin de l'après-midi, une négafat entra à la maison en chantant l'appel du Prophète suivi de youyous. Les plats étaient revenus avec des cadeaux. Enfin, ma mère avait réussi son examen."

José Cruz Herrera (1890-1972), La Madre
   "Il y aura des rêves entêtés, obsédants, cruels. Je la reverrai jeune et belle, je la reverrai enceinte de moi dans la chaleur de l'été fassi, je la reverrai à Sidi Harazem, alors que je suis encore bébé, accroché à ses seins, je la verrai au printemps d'Ifrane chez ma tante, légère, heureuse, insouciante. Ces rêves, je les attends et je serai triste au réveil, parce que ma mère ne sera pas là. Je serai l'enfant inconsolé, celui que l'école ennuie et qui préfère l'intimité des femmes et les fêtes des après-midi à la maison. J'irai me réfugier dans le sous-sol, entre les jarres des provisions, et je lui ferai peur. Je sortirai de là en criant ma joie d'avoir réussi à l'effrayer. Je l'apercevrai dans la foule et elle ne me reconnaîtra pas. Je me réveillerai en sursaut et j'appellerai au secours. J'irai sur la terrasse de notre première maison à Tanger et je regarderai la mer à ses côtés. Je lui parlerai et elle ne m'entendra pas. Je lui dirai qu'elle me manque et elle laissera le vent démêler sa chevelure et lui cacher les yeux. Elle n'essaiera pas de refuser le vent. Elle se retournera et partira en voyage, avec le vent." Folio

Tahar Ben Jelloun parle de son roman

mercredi 11 mai 2011

Le livre de ma mère, Albert Cohen

Lecadre Alphonse Eugène (1842-1875), Le Sommeil. (C) RMN / Gérard Blot. Nantes, musée des Beaux-Arts
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Mot de l'éditeur
Peu de livres ont connu un succès aussi constant que Le livre de ma mère. Ce livre bouleversant est l'évocation d'une femme à la fois "quotidienne" et sublime, une mère, aujourd'hui morte, qui n'a vécu que pour son fils et par son fils.
Ce livre d'un fils est aussi le livre de tous les fils. Chacun de nous y reconnaîtra sa propre mère, sainte sentinelle, courage et bonté, chaleur et regard d'amour. Et tout fils pleurant sa mère disparue y retrouvera les reproches qu'il s'adresse à lui-même lorsqu'il pense à telle circonstance où il s'est montré ingrat, indifférent ou incompréhensif. Regrets ou remords toujours tardifs. "Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s'impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis." Mais, il faut laisser la parole à Albert Cohen.

"Allongée et grandement solitaire, toute morte, l'active d'autrefois, celle qui soigna tant son mari et son fils, la sainte Maman qui infatigablement proposait des ventouses et des compresses et d'inutiles et rassurantes tisanes, allongée, ankylosée, celle qui porta tant de plateaux à ses deux malades, allongée et aveugle, l'ancienne naïve aux yeux vifs qui croyait aux annonces des spécialités pharmaceutiques, allongée, désoeuvrée, celle qui infatigablement réconfortait. Je me rappelle soudain des mots d'elle lorsqu'un jour quelqu'un m'avait fait injustement souffrir. Au lieu de me consoler par des mots abstraits et prétendument sages, elle s'était bornée à me dire: "Mets ton chapeau de côté, mon fils, et sors et va te divertir, car tu es jeune, va, ennemi de toi-même." Ainsi parlait ma sage Maman."

Biographie 
 Albert Cohen, né en 1985 à Corfou (Grèce), a fait ses études secondaires à Marseille et ses études universitaires à Genève. Il a été attaché à la division diplomatique du Bureau international du travail, à Genève. Pendant la guerre, il a été à Londres le conseiller juridique du Comité intergouvernemental pour les réfugiés, dont faisaient notamment partie la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis. En cette qualité, il a été chargé de l’élaboration de l’accord international du 15 octobre 1946 relatif à la protection des réfugiés. Après la guerre, il a été directeur dans l’une des institutions spécialisées des Nations-Unies.

 Albert Cohen a publié Solal en 1930, Mangeclous en 1938 et Le livre de ma mère en 1954. En 1968, le Grand Prix du roman de l’Académie française lui est décerné pour Belle du Seigneur. En 1969, il publie Les Valeureux, en 1972 Ô vous, frères humains et en 1979 Carnets 1978. Il est mort à Genève le 17 octobre 1981.

Extraits
 "Un dernier regard au miroir, pour ôter les dernières traces de la poudre de riz qu'en ce jour de fête elle mettait en secret et avec un grand sentiment de péché, une naïve poudre blanche de Roget et Gallet, qui s'appelait, je crois, " Vera Violetta ". Et vite elle allait ouvrir la porte, assujettie par une chaîne de sûreté, car on ne sait jamais et les souvenirs des pogromes sont tenaces. Vite préparer l'entrée des deux précieux. Telle était la vie passionnelle de ma sainte mère. Peu Hollywood, comme vous voyez. Les compliments de son mari et de son fils et leur bonheur, c'était tout ce qu'elle demandait de la vie."
 
Bachelier Jean-Jacques (1724-1806), Chat angora. RMN / Agence Bulloz
 "C'est le seul faux bonheur qui me reste, d'écrire sur elle, pas rasé, avec de la musique inécoutée de la radio, avec ma chatte à qui, en secret, je parle dans le dialecte vénitien des Juifs de Corfou, que je parlais parfois avec ma mère. Mon impassible chatte, mon ersatz de mère, ma piteuse petite mère si peu aimante. Quelquefois, lorsque je suis seul avec ma chatte, je me penche vers elle et je l'appelle ma petite Maman. Mais ma chatte me regarde et ne comprend pas. Et je reste seul, avec ma ridicule tendresse en chômage."


 "Maintenant, c'est la portière du wagon à la gare de Genève, et le train va partir. Décoiffée, le chapeau piteusement de côté, la bouche stupéfaite de malheur, les yeux brillants de malheur, elle me regarde tellement, pour prendre le plus possible de moi avant que le train s'ébranle. Elle me bénit, elle me recommande de ne pas fumer plus de vingt cigarettes par jour, de bien me couvrir en hiver. Dans ses yeux, il y a une folie de tendresse, une divine folie. C'est la maternité. C'est la majesté de l'amour, la loi sublime, un regard de Dieu. Soudain, elle m'apparaît comme la preuve de Dieu."
«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard