lundi 19 octobre 2015

Écrits d'Amour - Des troubadours à Patti Smith, Dominique Marny


Quatrième de couverture

 « Elle posa son bras sur l'épaule de Tristan ;
des larmes éteignirent le rayon de ses yeux,
ses lèvres tremblèrent. Il répéta :
 - Amie, qu'est-ce donc qui vous tourmente ?
Elle répondit :
- L'amour de vous.
Alors il posa ses lèvres sur les siennes. »

Tristan et Iseult, Joseph Bédier

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 L'amour, qui occupe tant nos esprits, a fait battre le cœur des poètes, des philosophes et des écrivains... En prose ou en vers, dans l'intimité d'une correspondance, au cœur d'un roman ou sur une scène de théâtre, le cycle amoureux n'a de cesse de naître, de se cristalliser, de s'épanouir... et parfois de s'évanouir. Des troubadours à Hugo ou Musset, de Mme de Lafayette à Laclos et Genet, de Tolstoï à Margueritte Yourcenar, de Cocteau à Neruda ou encore Patti Smith, découvrons cette « aventure sans carte et sans compas où seule la prudence égare » (Romain Gary).

Depuis plusieurs années, Dominique Marny travaille sur la thématique du sentiment amoureux. Pour le Palais Lumière à Évian, elle a été commissaire de l'exposition « L'art d'Aimer »  (2012) et a publié, entre autres, deux albums sur le sujet : L'Art d'aimer (Textuel, 2012) et Je n'ai rien d'autre à te dire que je t'aime (Textuel, 2013).

Extrait

 D'un amour défunt, l'auteur bâtit un temple où il fait bon se réfugier. Elle en convoque le souvenir lumineux, plus vivant et solide que l'amour lui-même, au-delà de la blessure de la rupture. Grande figure du romantisme, autodidacte et poétesse instinctive, Marceline Desbordes-Valmore est considérée par Verlaine comme la seule femme de génie et de talent de son siècle.

Natale Schiavoni - L'Odalisque, Huile sur toile, 1845, 
Trieste, Museo Civico Revoltella
Élégies
     "Toi qui m'as tout repris" (1830)
Marceline Desbordes-Valmore

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Toi qui m'as tout repris jusqu'au bonheur d'attendre,
Tu m'as laissé pourtant l'aliment d'un cœur tendre,
L'amour ! Et ma mémoire où se nourrit l'amour.
Je lui dois le passé ; c'est presque ton retour !
C'est là que tu m'entends, c'est là que je t'adore,
C'est là que sans fierté je me révèle encore.
Ma vie est dans ce rêve où tu ne fuis jamais ;
Il a ta voix, ta voix ! Tu sais si je l'aimais !
C'est là que je te plains ; car plus d'une blessure,
Plus d'une gloire éteinte a troublé, j'en suis sûre,
Ton cœur si généreux pour d'autres que pour moi :
Je t'ai senti gémir ; je pleurais avec toi !

African Spirit Une collection parisienne

14 - Jacques Majorelle 1886 - 1962 Mère et enfant d'Afrique Noire
Estimation: 350000  - 550000 €

African Spirit 
Une collection parisienne
Vente le 9 novembre 2015 à 19 heure

Paris - L'Afrique est au cœur de cette collection parisienne qui rassemble plus de trente œuvres sur le thème, constituant la plus importante vacation consacrée à l'Africanisme depuis 20 ans. Elle renferme notamment 11 tableaux signés Jacques Majorelle, ainsi qu'un ensemble d'œuvres d'artistes belges du mouvement. La collection est estimée 1,8 M€ / 2 M$, et fera l'objet d'une présentation en avant-première à Paris en septembre, puis à Bruxelles et à Marrakech fin octobre, avant sa dispersion le 9 novembre 2015.

« C'est le choix d'un amoureux de l'Afrique et surtout d'un précurseur. Cette collection est exceptionnelle par sa qualité et son esthétisme.» commente Olivier Berman, directeur du département Orientaliste d'Artcurial, dont le département détient 20 records mondiaux depuis 2008.

JACQUES MAJORELLE ET L'AFRIQUE NOIRE
Cette collection, réunie durant 25 ans, comprend notamment 11 œuvres de Jacques Majorelle (1886-1962). Plusieurs sont des tableaux majeurs de l'artiste, dont le record mondial est détenu par Artcurial. Son œuvre, La Kasbah rouge (Freija), notamment, a réalisé un record en réalisant un résultat de 1 315 818 € / 1 926 150 $ le 9 juin 2011.

A partir des années 1930, Jacques Majorelle peint des nus noirs, fasciné par la beauté et la sensualité de ces femmes qu'il fait poser dans la végétation luxuriante de son jardin. Il multiplie ses expériences sur la couleur et poursuit ses recherches d'application de poudre d'or et d'argent. De novembre 1945 à 1952, il multiplie les séjours en Afrique Noire à la recherche des origines de ses modèles. Du Soudant à la Guinée, en passant par le Sénégal et la Côte d'Ivoire, ses voyages successifs le mèneront de plus en plus loin : foules bigarrées, scènes de marché, portrait de femmes, témoigneront de la vie de tout un peuple.

Cette maternité (circa 1940), chef d'œuvre de sa période africaniste, provenant des grands amateurs Barry Friedman et Félix Marcilhac, est estimée 350 000 - 550 000 € / 395 000 - 620 000 $. Une grande scène de marché située à Macenta en Guinée et datée 1952, est estimée 200 000 - 300 000 € / 225 000 - 340 000 $  de même que cette vue d'Aït Ben Addou, pièce maitresse de la fameuse série des « Casbahs de l'atlas », rehaussée d'or et d'argent et datée de 1929.

LES ARTISTES DE L'AFRICANISME
Un chapitre de la collection est consacré aux artistes belges avec notamment un chef d'œuvre du peintre Floris Jaspers (1889-1965), cette oeuvre iconique de l'africanisme répertoriée dans de nombreux ouvrages (photo ci-dessous). Arsène Matton (1873-1953) et André Hallet (1890-1959) figurent parmi les artistes belges représentés.

Trois sculptures d'Anna Quinquaud (1890-1984), l'artiste sculpteur africaniste le plus coté sur le marché (voir résultats collection Félix Marcilhac) sont estimées entre 12 000 et 40 000 € (13 500 - 45 000 $). Deux belles œuvres d'Alexandre Iacovleff, une huile sur toile de Roger Bezombes complètent cette collection.

6 - Alexandre Iacovleff 1887 - 1938 Homme au turban, 1924
Estimation: 50000  - 70000 €

7 - Henri Pontoy 1888 - 1968 Au bord de l'oued
Estimation: 20000  - 30000 €

9 - Jacques Majorelle 1886 - 1962 Le souk des Djellabahs, Marrakech, Circa 1920
Estimation: 40000  - 60000 €

10 - Jacques Majorelle 1886 - 1962 Aït Ben Addou, 
Vallée de l'oued Mellah, Grand Atlas, La Séguia, 1929
Estimation: 200000  - 300000 €

15 - Jacques Majorelle 1886 - 1962 Le foulard pourpre
Estimation: 50000  - 70000 €

17 - Jacques Majorelle 1886 - 1962 Marché à Macenta, Guinée, 1952
Estimation: 200000  - 300000 €

19 - Suzanne Drouet Réveillaud 1885 - 1973 Femmes Camerounaises, Circa 1955
Estimation: 30000  - 50000 €

20 - Monique Cras 1910 - 2007 Femmes Nemadis, Oualata, 1941
Estimation: 60000  - 80000 €

21 - André Hallet 1890 - 1959 Marché au Rwanda
Estimation: 12000  - 18000 €

23 - Charles Ernest Smets Né en 1919 La récolte du cacao, 1934
Estimation: 40000  - 60000 €

Florence, Portraits à la cour des Médicis

Bronzino (Agnolo di Cosimo, dit) (1503-1572) / Portrait d’Eléonore de Tolède 1560, Huile sur bois, 59 x 46 cm Prague,
 Národní Galerie Photograph © National Gallery of Prague 2014

Florence, Portraits à la cour des Médicis
du 11 septembre 2015 au 25 janvier 2016

  Au XVIe siècle, l’art du portrait devient de plus en plus répandu parmi les élites florentines qui trouvent là un moyen de porter les traits de leur visage et leur statut social à la postérité. Ils recourent pour cela à des figures littéraires telles que Pétrarque, à des références musicales ou à une mise en scène riche en symboles pour  décrire la vie du modèle, sous ses multiples facettes.
  Le Musée Jacquemart-André consacre une exposition inédite aux grands portraitistes florentins du XVIe siècle autour d’une quarantaine d’œuvres. Outre la présentation des chefs-d’œuvre de Pontormo, élève d’Andrea del Sarto et maître du maniérisme, ce sera l’occasion d’apprécier les traits raffinés et gracieux, typiques des portraits de Bronzino ou ceux de Salviati témoignant d’un sens achevé de la sophistication.
  Cette exposition va offrir un fascinant panorama de l’art du portrait florentin au XVIe siècle, avec ses principaux thèmes et mutations stylistiques. À travers le regard des peintres expérimentant de nouvelles manières de représenter leurs contemporains, elle permettra d’apprécier les évolutions de style du Cinquecento, un siècle particulièrement mouvementé sur les plans culturel et religieux.
 Cette exposition bénéficie d’un partenariat exceptionnel des Musées de Florence. D’autres institutions muséales de renommée internationale et collections exceptionnelles telles que la Royal Collection (Londres), le musée du Louvre (Paris) ou encore le Städel Museum (Francfort) soutiennent également cet événement grâce à des prêts insignes.
  Le parcours sera organisé en cinq sections construites autour d’une histoire thématique et critique du portrait à Florence à l’âge d’or des Médicis (1512 -1599).
De grands peintres tels que Rosso Fiorentino, Andrea del Sarto, Alessandro Allori, Francesco Salviati, Pontormo et Bronzino, seront les figures emblématiques de cette histoire du portrait à travers une quarantaine de peintures.
  Après les portraits aux allures sévères du début du siècle, effigies d’hommes et de femmes liés aux valeurs stoïciennes de la période républicaine, qui se termine peu après la mort de Savonarole (1494-1512), la deuxième section présentera les condottieres en armes. Le portrait évolue vers la mise en scène héroïque d’hommes de guerre au service d’Alexandre et de Côme de Médicis pour l’affirmation du pouvoir de la dynastie.
  La troisième section sera dédiée au portrait de cour, et plus particulièrement au luxe et à l’élégance qui apparaissent non seulement dans la profusion décorative des portraits, notamment chez Bronzino, mais aussi dans la richesse des matériaux de certaines œuvres (peintures sur cuivre ou lapis-lazuli), qui confèrent au portrait une dimension somptuaire propre à l’âge d’or des Médicis.
  Les femmes sont les figures majeures de ce goût de l’apparat, telle qu’Eléonore de Tolède. Fille du vice-roi de Naples, un des hommes les plus puissants et riches d’Italie, elle était la candidate parfaite pour renforcer l’image du futur Grand-duc de Toscane, et le faste de sa cour était légendaire.
  La quatrième section ouvrira le champ de l’exposition à d’autres formes d’art, la poésie et la musique, symboles de l’émancipation culturelle que les poètes, les écrivains, mais aussi les hommes de la bourgeoisie florentine associent à leur propre image.
  La dernière section, enfin, présentera les deux grandes tendances du portrait de 1560 à la fin du siècle : d’une part, une affirmation du langage allégorique dans la représentation du modèle et de ses proches ; d’autre part, le retour à une certaine simplicité dans la représentation des sentiments et de l’exaltation familiale, particulièrement remarquable dans la série de portraits d’enfants réalisée par Santi di Tito.

Ridolfo del Ghirlandaio (Ridolfo Bigode, dit) 1510-1515, Dame au voile (La Monaca) Huile sur bois,
 65 x 48,1 cm Florence, Istituti museali della Soprintendenza Speciale per il Polo Museale Fiorentino, 
Galleria degli Uffizi © S.S.P.S.A.E e per il Polo Museale della Città di Firenze - Gabinetto Fotografico

Bronzino (Agnolo di Cosimo, dit) Portrait d’une dame en rouge Vers 1525-1530, Huile sur bois, 
89,8 x 70,5 x 2,6 cm Francfort-sur-le-Main, Städel Museum © Städel Museum - U. Edelmann / ARTOTHEK

Santi di Tito (et atelier) Portrait de Marie de Médicis 1600, Huile sur toile, 193,5 x 109 cm Florence, 
Istituti museali della Soprintendenza Speciale per il Polo Museale Fiorentino, Palazzo Pitti, Galleria Palatina 
© S.S.P.S.A.E e per il Polo Museale della Città di Firenze - Gabinetto Fotografico

Santi di Tito Portrait de Lucrezia (Emilia), fille de Niccolò di Sinibaldo Gaddi Vers 1565, 
Huile sur bois, 116.2 x 90.4 cm Collection particulière © Collection particulière, Pays-Bas

Andrea del Sarto (Andrea d’Agnolo, dit) Portrait d’une jeune femme au recueil de Pétrarque Vers 1528, Huile sur bois,
 87 x 69 cm Florence, Istituti museali della Soprintendenza Speciale per il Polo Museale Fiorentino, Galleria degli Uffizi 
© S.S.P.S.A.E e per il Polo Museale della Città di Firenze - Gabinetto Fotografico

Francesco Salviati, (Francesco de’ Rossi, dit) Portrait d’un joueur de luth Vers 1529-1530, 
Huile sur bois, 96 x 77 cm Paris, Musée Jacquemart-André – Institut de France ©Paris, 
Musée Jacquemart-André - Institut de France/Studio Sébert Photographes
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vendredi 16 octobre 2015

Une passion marocaine, Collection Pierre Bergé-YSL Vente au profit de la Fondation Jardin Majorelle

11 - Diadème aux Oiseaux Tâj, Maroc, Fès, 20e siècle
Estimation: 6000  - 8000 €

"Une passion marocaine"
Collection Pierre Bergé- Yves Saint Laurent 
Vente au profit de la Fondation Jardin Majorelle
31 Octobre 2015, au Palace Es Saadi de Marrakech

 MarrakechArtcurial dispersera la collection d’art islamique de Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, le 31 octobre prochain, dans les salons du Palace Es Saadi de Marrakech. La vente « Une Passion Marocaine » sera réalisée au profit de la Fondation Jardin Majorelle.

« Dès notre arrivée au Maroc, Yves Saint Laurent et moi avons été fascinés par l’art islamique et nous avons décidé de le collectionner. (…) La Fondation Jardin Majorelle que je préside met en vente aujourd’hui tous ces objets d’art islamique qui avaient été choisis avec soin. Le produit de cette vente permettra de continuer à embellir le jardin, à accueillir le mieux possible les visiteurs qui se sont élevés l’année dernière à près de 800 000, à contribuer au financement du musée Yves Saint Laurent qui ouvrira dans le nouvel espace culturel à proximité du jardin en 2017, à poursuivre des actions culturelles, éducatives et sociales que la Fondation Jardin Majorelle soutient au Maroc depuis sa création en 2011 » explique Pierre Bergé dans la préface du catalogue de la vente.

La collection rassemble près de 180 objets d’art marocain – armes, broderies, tissages, céramiques, bijoux, tapis, éléments d’architecture – qui furent exposés dans le Musée du Jardin Majorelle, avant que celui-ci ne se recentre exclusivement sur l’art berbère lors de sa rénovation en 2011. La vente comprendra également l’ensemble du mobilier créé par Bill Willis, l’architecte star de la jet-set de Marrakech, lors de la création du musée par Pierre Bergé et Yves Saint Laurent. Aux 180 lots issus du Musée s’ajouteront plus de 50 meubles et tableaux provenant de la collection personnelle du couple de collectionneurs.

« Outre le fait de constituer un magnifique hommage au Maroc, cette vente a la particularité d'être un mix parfait entre la beauté des objets, la plus mythique des provenances et une affectation du produit de la vente généreuse et intelligente. On ne pouvait rêver mieux comme première vente au Maroc. » déclare François Tajan, Co-Président d’Artcurial et commissaire priseur de la vente.

«Nous sommes heureux d’organiser cette première vente au Maroc au sein du Palace Es Saadi, dirigé par Elisabeth Bauchet-Bouhlal, femme d’art et de lettres, initiatrice de nombreux évènements culturels. La trentaine d’oeuvres orientalistes et les 20 pièces de mobilier de la collection personnelle de Pierre Bergé Yves Saint Laurent qui s’ajouteront aux objets du musée, témoignent de leur goût aiguisé et précurseur ainsi que de leur passion pour le Maroc, qui a tant inspiré le couturier. » ajoute Olivier Berman, Directeur associé d’Artcurial, en charge du département orientaliste.

Cette vente d’Artcurial au Maroc aura lieu en même temps qu’une exposition des oeuvres de la collection African Spirit, qui sera elle dispersée le 9 novembre 2015 à Paris.

LA COLLECTION
La collection reflète le goût personnel de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent pour l’art islamique et la civilisation orientale. Dans toutes les spécialités, les objets ont été soigneusement choisis et devraient séduire un grand nombre d’amateurs avec des estimations allant de 300 à 30 000 €.

Tout le mobilier du musée, crée par l’architecte décorateur Bill Willis, sera également dispersé. Cet esthète fasciné par l’art islamique et le style hispano-mauresque, qui a inspiré le style bohème chic à la fin des années 60, a réalisé vitrines, bibliothèques et éléments de décor du musée. Dans le même esprit, une cinquantaine de meubles et tableaux provenant de la collection personnelle de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent seront également vendus.

18 - Parure de Tresses, Saclyk, Yomud, Turkestan, début 20e siècle
Estimation: 800  - 1000 €

22 - Ceinture de femme Hzâm, Maroc, Fès, début 19e siècle
Estimation: 700  - 800 €

38 - Deux tentures ou voiles de mariée, Maroc, Fès, fin 18e - début 19e siècle
Estimation: 2000  - 2200 €

40 - Encrier d'enlumineur à arcatures, Mejma, Maroc, Meknès, 19e siècle
Estimation: 1500  - 2000 €

41 - Lampe à huile à double rangée de godets, Mesbah, Algérie, 
Grande Kabylie, région centrale (Oudhaïas), fin du 19e - début 20e
Estimation: 3000  - 5000 €

50 - Plat bleu et blanc aux plumes et aux œillets, Mokhfia, Maroc, Fès, fin 17e siècle
Estimation: 3000  - 4000 €

58 - Jatte aux arabesques, Tarbouche, Maroc, Fès, première moitié du 18e siècle
Estimation: 2000  - 3000 €

85 - Caisson de plafond, Maroc, Meknès, 19e siècle
Estimation: 2000  - 3000 €

97 - Stalactites, Maroc, Meknès, 19e siècle
Estimation: 1200  - 1500 €

105 - Paire de jarres aux cercles et fleurons et leur couvercle, Khabia, Maroc, Fès, 19e siècle
Estimation: 5000  - 7000 €

181 - Georges Clairin 1843-1919 Le Garde du Palais
Estimation: 1500  - 2000

202 - École Francaise du XIXe siècle Scène de Café
Estimation: 2000  - 3000 €

235 - Attribué à Zaldo Barber scène de la Médina de Meknès
Estimation: 200  - 300 €

252 - André Suréda 1872-1930 Fumeur de Narguileh
Estimation: 800  - 1000 €

253 - École Européenne du 19e siècle Étude pour la Reine de Saba
Estimation: 1000  - 2000 €

2084. La fin du monde, Boualem Sansal

Etienne Dinet (1861-1929), La Caravane se dirigeant vers Ghardaia

Quatrième de couverture
  L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions.
  Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion…
  Boualem Sansal s’est imposé comme une des voix majeures de la littérature contemporaine. Au fil d’un récit débridé, plein d’innocence goguenarde, d’inventions cocasses ou inquiétantes, il s’inscrit dans la filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties.

  Née en 1949, Boualem Sansal vit à Boumerdès, près d'Alger. Son œuvre a été récompensée par de nombreux et prestigieux prix littéraires, en France et à l'étranger. Gallimard

Extrait
  Le ghetto de Qodsabad avait un charme certain alors même qu'il était dans un état épouvantable, pas une bâtisse ne tenait debout par elle-même, des forêts de béquilles et d'attelles assemblées à la diable les maintenaient péniblement en équilibre. Partout, des montagnes de gravats racontaient des effondrements récents et d'autres anciens, et dans les deux cas des malheurs injustes. Des enfants haillonneux jouaient à la grimpette et fouillaient les décombres à la recherche d'un truc à vendre. La saleté avait trouvé son royaume, en maints endroits les ordures s'amoncelaient jusqu'aux toits des maisons, ailleurs elles tapissaient le sol jusqu'aux genoux. L'enfouissement ayant atteint ses limites depuis longtemps, on ne pouvait ni les évacuer ni les brûler (le ghetto serait parti en fumée avec sa population) et donc elles s'entassaient à l'air libre, poussées de-ci de-là par le vent et ainsi le ghetto s'élevait sur ses ordures et ses remblais. L'obscurité régnait de jour comme de nuit. A l'absence de courant électrique l'enfermement ajoutait son sinistre effet, de même que l'étroitesse des rues, l'urbanisme chaotique, les destructions, les beuglements des cornes d'alarme, les bombardements intempestifs, les heures lourdes passées dans les abris, et le reste qui prolifère dans les villes assiégées. Tout cela assombrissait la vie et lui mettait des freins puissants. Il n'empêche, il y avait de l'entrain, il y avait une culture de la résistance, une économie de la débrouille, un petit monde qui s'agitait sans répit et trouvait le moyen de survivre et d'espérer. La vie ne faisait pas que passer, elle cherchait, s'accrochait, inventait, affrontait toutes sortes de défis et recommençait autant qu'il était humainement possible. Il y aurait beaucoup à dire sur le ghetto, ses réalités et ses mystères, ses atouts et ses vices, ses drames et ses espoirs, mais réellement la chose la plus extraordinaire, jamais vue à Qodsabad, était celle-ci : la présence des femmes dans les rues, reconnaissables comme femmes humaines et non comme ombres filantes, c'est-à-dire qu'elles ne portaient ni masque ni burniqab et clairement pas de bandages sous leurs chemises. Mieux, elles étaient libres de leurs mouvements, vaquaient à leurs tâches domestiques dans la rue, en tenues débraillées comme si elles étaient dans leurs chambres, faisaient du commerce sur la place publique, participaient à la défense civile, chantaient à l'ouvrage, papotaient à la pause et se doraient au faible soleil du ghetto car en plus elles savaient prendre du temps pour s'adonner à la coquetterie. Ati et Koa étaient si émus lorsqu'une femme les approchait pour leur proposer quelque article qu'ils baissaient la tête et tremblaient de tous leurs membres. C'était le monde à l'envers, ils ne savaient comment se tenir. Les reconnaissant pour ce qu'ils étaient, des empotés d'Abistani ne connaissant que l'abilang, elles leurs parlaient leur patois, un baragouin très chuintant, appuyant la parole de gestes précis, agitant d'une main l'article à vendre et de l'autre indiquant avec les doigts le nombre de rils à compter pour l'avoir tout en lançant des regards malins au public comme si elles sollicitaient ses applaudissements.



«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard