mercredi 24 février 2016

Suzanne Valadon, Maurice Utrillo, André Utter à l’atelier 12, rue Cortot 1912-1926

Suzanne Valadon, La Tireuse de cartes, 1912, Association des amis du Petit Palais, Genève
© Petit Palais, Genève / Studio Monique Bernaz, Genève

Valadon, Utrillo & Utter
du 16 octobre 2015 au 15 février 2016
exposition prolongée jusqu'au 13 mars inclus

  À l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Suzanne Valadon, le Musée de Montmartre présente, du 16 octobre 2015 au 13 mars 2016, une exposition phare dédiée à Suzanne Valadon (Bessines-sur-Gartempe 1865 - Paris 1938), Maurice Utrillo (Paris 1883 - Dax 1955) et André Utter (Paris 1886 – 1946).
  Au tournant du XXe siècle, les ateliers du 12-14 rue Cortot furent d’importants lieux de création où vécurent de nombreux artistes. Après y avoir habité jusqu’en 1905 avec son premier mari, le banquier Paul Moussis, Suzanne Valadon retourne à l’atelier de la rue Cortot en 1912 et s’y installe avec son fils Maurice Utrillo et son compagnon, André Utter. Malgré les disputes avec André Utter et les frasques de son fils, Suzanne Valadon y passe les années les plus productives de sa vie. Rapidement surnommés le « trio infernal », ces peintres ont marqué les esprits du monde de l’art. De ces tensions et passions naquit ainsi une énergie créatrice qui permit aux œuvres des trois artistes de s’intensifier, s’épanouir et se renouveler durant cette période de vie commune.
  L’exposition, à travers une sélection de près de 150 œuvres, témoigne de leur complicité créative et intime dans ces lieux. Les œuvres présentées retraceront la période 1912-1926, dates où le trio vécu au 12, rue Cortot. Un espace est dédié à chacun des artistes dans un parcours organisé autour de l’atelierappartement, dont la restitution a été inaugurée en octobre 2014. L’appartement, lieu central de vie et de création, fut le témoin des rivalités mais également de l’estime, l’admiration, la complémentarité et l’inspiration mutuelle de ses trois locataires avant que le couple ne se sépare et que Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo ne déménagent rue Junot. Utter y restera jusqu’à sa mort en 1948.
 Les œuvres exposées sont issues du fond des collections constituées par la Société d’Histoire et d’Archéologie « Le Vieux Montmartre » et, plus principalement, de prêts extérieurs provenant, entre autres, du Centre Pompidou, du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, du musée Paul Dini de Villefranche-sur-Saône, des Musée des Beaux-Arts de Liège et de Bruxelles, du Petit Palais de Genève et de collections particulières. On pourra, en particulier, y admirer les célèbres tableaux de Suzanne Valadon La tireuse de cartes (Petit Palais de Genève) et Le lancement du filet (Centre Pompidou-MMAM-CCI).

Maurice Utrillo, Rue Seveste, 1923 © ADAGP / Jean Fabris,
Crédit photographique : Eric Emo / Parisienne de Photographie

Suzanne Valadon, La Boîte à violon, 1923, Musée d’art moderne de la ville de Paris
 © Eric Remo / Parisienne de photographie

Suzanne Valadon, Le Lancement du Filet, 1914, Musée de Nancy, dépôt du Centre Pompidou (1998)
 © Centre Pompidou MNAM-CCI, Dist. RMN-GP / Jacqueline Hyde

Le mariage de plaisir, Tahar Ben Jelloun

Jacques Majorelle (1886-1962), Jeune noire alanguie

Quatrième de couverture
  Dans l’islam, il est permis à un homme qui part en voyage de contracter un mariage à durée déterminée pour ne pas être tenté de fréquenter les prostituées. On le nomme «mariage de plaisir».
  C’est dans ces conditions qu’Amir, un commerçant prospère de Fès, épouse temporairement Nabou, une Peule de Dakar, où il vient s’approvisionner chaque année en marchandises. Mais voilà qu’Amir se découvre amoureux de Nabou et lui propose de la ramener à Fès avec lui. Nabou accepte, devient sa seconde épouse et donne bientôt naissance à des jumeaux. L’un blanc, l’autre noir. Elle doit affronter dès lors la terrible jalousie de la première épouse blanche et le racisme quotidien.
  Quelques décennies après, les jumeaux, devenus adultes, ont suivi des chemins très différents. Le Blanc est parfaitement intégré. Le Noir vit beaucoup moins bien sa condition et ne parvient pas à offrir à son fils Salim un meilleur horizon. Salim sera bientôt, à son tour, victime de sa couleur de peau.

  Tahar Ben Jelloun est né à Fès en 1944. Il a obtenu le prix Goncourt en 1987 pour La nuit sacrée. Il est l'auteur aux Éditions Gallimard de romans, parmi lesquels Partir et Le bonheur conjugal, de récits et de recueils de poèmes. Gallimard

Extrait
  Ce matin, l'air était doux. Un peu de fumée laissait des traces dans la blancheur de l'horizon. C'était le moment où les potiers et les boulangers allumaient les fours.
   Vu de loin, Fès ressemblait à un grand bol blanc couvrant d'autres bols. Fès subjuguait tous ceux qui la découvraient pour la première fois. Les toits et les terrasses communiquaient entre eux et dessinaient en s'enchevêtrant une arabesque qui entraînait la rêverie des visiteurs venus des contrées les plus lointaines. Elle avait son odeur, sa fragrance propre, un effluve indéfinissable portant la mémoire de tous les parfums déversés sur le sol depuis 808, date de sa fondation par Moulay Idriss Ier, descendant directement du prophète Mohammad.
  L'esprit de la ville s'étendait au-delà de ses frontières. Fès rayonnait et faisait entendre sa musique dans tout le pays. C'en était presque gênant pour les habitants des villes avoisinantes. Fès était le tombeau du Temps, la source enchantée de l'Esprit, le refuge des repentis et le divan des poètes qui tissaient de leurs vers les ruelles sombres et étroites. C'était aussi le centre du commerce, de l'échange, de l'arbitrage et de toutes les enchères pour l'or et la soie. Chaque chose était à sa place. C'était cela le secret de cette cité. Aux juifs, l'or, les fils d'or, les matelas remplis de laine brute. Ils avaient leur quartier, le Mellah au seuil de la médina. Un peu de condescendance de la part des Fassis musulmans, mais pas de rejet et encore moins de violence. Pas de mariage mixte non plus. Toute la ville se souvient de l'épisode qui avait failli ruiner la coexistence des deux communautés, lorsque Mourad, fils du professeur de théologie Laraki, voulut se marier avec Sarah, la fille du rabbin. Le scandale avait fait beaucoup de bruit. Les deux amoureux durent s'exiler en terre étrangère, en France ou en Belgique. La consigne avait été donnée des deux côtés d'oublier ces enfants que la folie avait égarés. On faisait comme s'ils n'avaient jamais existé. Curieusement cet épisode avait rapproché les deux familles en créant des liens. Les mères se voyaient en cachette dans l'espoir d'obtenir quelque information sur leurs enfants. Le temps ayant passé, Mourad et Sarah débarquèrent un jour sans prévenir avec un bébé dans les bras. Ce fut cette naissance qui réconcilia les enfants avec leur famille respective. Mais au font, il restait un sentiment de regret qui s'exprimait par des soupirs ou des regards désapprobateurs.

Je ne sais plus, je ne veux plus, Pascal Obispo


Grand coup de cœur pour l'album Billet de Femme
Je ne sais plus, je ne veux plus


Je ne sais plus, je ne veux plus

Je ne sais plus d'où naissait ma colère ; 
Il a parlé... ses torts sont disparus ; 
Ses yeux priaient, sa bouche voulait plaire : 
Où fuyais-tu, ma timide colère ? 
Je ne sais plus.

Je ne veux plus regarder ce que j'aime ; 
Dès qu'il sourit tous mes pleurs sont perdus ; 
En vain, par force ou par douceur suprême, 
L'amour et lui veulent encor que j'aime ; 
Je ne veux plus.

Je ne sais plus le fuir en son absence, 
Tous mes serments alors sont superflus. 
Sans me trahir, j'ai bravé sa présence ; 
Mais sans mourir supporter son absence, 
Je ne sais plus !

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859), Romances
«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard