Quatrième de couverture
En cette fin des années 1940,
sous les pales des ventilateurs de l’Automobile Club du Caire, l’Égypte des
pachas et des monarques flirte avec aristocrates et diplomates de tout poil,
pour peu qu’ils soient européens. Régulièrement, Sa Majesté le roi honore de
son éminente présence la table de poker. Extravagance, magnificence et
décadence qui s’arrêtent aux portes des salons lambrissés. Dans les communs,
une armada de serveurs et d’employés venus de Haute-Égypte et de Nubie
s’escriment à satisfaire les exigences de l’inflexible El-Kwo, le chambellan du
roi. L’esclave du monarque est aussi le chef suprême des employés de tous les
palais royaux, qui régente dans ses moindres détails leur misérable existence
et se délecte à professer l’art de la soumission.
Parmi ses “sujets” : Abdelaziz
Hamam, descendant d’une puissante famille ruinée, venu au Caire dans l’espoir
d’assurer l’éducation de sa progéniture. À suivre les chemins contrastés
qu’empruntent ses enfants, on découvre les derniers soubresauts de l’Égypte
pré-nassérienne : morgue des classes dominantes, dénuement extrême des
laissés-pour-compte, éveil du sentiment nationaliste. De toute part l’édifice
se lézarde, et dans le microcosme de l’Automobile Club, où le visage noir
charbon d’un domestique ajoute une touche d’élégance au décorum, frémissent les
temps futurs et l’explosion révolutionnaire qui va embraser le pays.
Engagé et humaniste comme
jamais, Alaa El Aswany renoue ici avec les récits populaires et hauts en
couleur de l’irrésistible Immeuble Yacoubian et désigne inlassablement la seule
voie juste pour son pays : une démocratie égyptienne à construire.
Né en 1957 dans la vallée du Nil, Alaa El Aswany exerce le métier de dentiste au Caire,en parallèle d'une carrière de chroniqueur et de romancier traduit dans le monde entier. Après le célèbre Immeuble Yacoubian, porté à l'écran par Marwan Hamed, paru en 2006, Actes Sud a publié Chicago (2007), J'aurais voulu être égyptien (2009) et Chroniques de la révolution égyptienne (2011).
Kees van Dongen (1877-1968), Café with two women and one man |
L’affaire
avait commencé deux ans plus tôt, au cours de la soirée que l’Automobile Club
organisait tous les ans à l’occasion de la nouvelle année. Assistaient à la réception
le haut-commissaire britannique, les ambassadeurs étrangers, les ministres
ainsi que de hautes personnalités et des princes de la famille royale. Tout à
coup, vers une heure du matin, Sa Majesté le roi fit aux invités l’honneur de
la surprise de son éminente présence. Il souhaita une bonne année à l’assistance
puis prit sa place autour du tapis vert et se mit à jouer aux cartes jusqu'au
matin. Comme d’habitude, tant pour les hommes que pour les femmes, la fête
reflétait les dernières tendances de la mode : fourrures, robes de soirée,
smokings, c’était un vrai concours d’élégance. Une invitée attira l’attention
de Mr Wright. C’était une femme dans la quarantaine, mince, claire de peau, les
cheveux fins d’un brun anthracite
coiffés à la garçonne. Elle fumait sans arrêt et portait une simple robe bleue
qui n’était pas du tout à la hauteur de l’événement. Wright se mit à l’observer
avec étonnement. Il se demandait comment cette femme osait venir à une soirée de ce niveau avec une robe qui,
au plus, aurait pu convenir pour aller prendre le thé. Le plus étonnant était
qu’elle parlait et riait avec les
invités d’une manière, comme si elle ne se rendait pas compte de l’anomalie de
son apparence. La curiosité de Mr Wright redoublait et finalement il interrogea
Chaker, le maître d’hôtel :
- Qui peut bien être cette
femme avec sa robe bleue ?
Le maître d’hôtel s’inclina :
- C’est Mme Odette Fattal, Monsieur.
- Est-elle une parente de M. Henri Fattal ?
- C’est sa fille, Monsieur.
Cela rendait la chose encore plus
incompréhensible. Le millionnaire Henri Fattal était un des plus grands
marchands de coton d'Égypte. Pourquoi sa fille apparaissait-elle sous cet
aspect misérable ? N’importe quelle secrétaire de son père portait à n’en
pas douter de plus beaux vêtements. Qu’est-ce que cela voulait dire, et
pourquoi les personnes présentes semblaient accepter sans problème la présence
parmi elles de ce lapin sauvage ? Wright ne fut pas capable de dominer
plus longtemps sa curiosité. Il demanda un verre qu’il avala d’une seule
traite, puis, mettant fin à son hésitation, s’avança vers la femme.
Traduit de l'arabe (Égypte) par Gilles Gauthier
Kees van Dongen (1877-1968), Nil |
Kenza coquine, je suis rentrée dans l'histoire à fond, plus qu'a acheter le bouquin pour connaître la suite :))))
RépondreSupprimerBelle journée à toi !
la couverture est superbe.. kees van dongen ..un génie! bises
RépondreSupprimerVan Dongen en cadeau en plus... et voilà... j'ai envie de connaître la suite ;)
RépondreSupprimerc'est vrai que le roi était réputé pou être un joueur invétéré
RépondreSupprimerjai lu plusieurs de ses livres et je vais donc essayer de me procurer celui ci
la cocotte de kiev au Caire
Ça me rappelle l'ambiance du livre de Douglas Kennedy : "Au delà des pyramides."
RépondreSupprimerOlivier
Oui c'est vrai Pinupmania !
RépondreSupprimerJe te souhaite un très bon week-end Kenza !
Bises Cath.
tu nopus gates toujours et cette danseuse . on la voit bouger
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Kees Van Dongen et cette danseuse est superbe. Le livre a l'air fort intéressant, merci Kenza pour ce beau billet.Très belle journée.
RépondreSupprimer