John William Waterhouse (1849-1917), Ophelia |
Ophélie
I
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.
Alexandre Cabanel (1823–1889), Ophelia |
II
Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;
C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !
John Everett Millais (1829-1896), Ophelia |
III
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
Arthur Rimbaud
Délicieux, chère amie Kenza. Tu est avec nous finalement... Merci.
RépondreSupprimerBisous.
Bonsoir ma Kenza,
RépondreSupprimerelle fut bien jolie ton escapade estivale;
Sais tu,, je suis persuadée qu'un jour, tu la gouteras pour de vrai ma tarte!
Je t'embrasse bien fort
"Voici plus de mille ans que sa douce folie
RépondreSupprimerMurmure sa romance à la brise du soir."
Quelle beauté! merci --tu rends mes soirées si belles!
"Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux ... "
RépondreSupprimerJe me souviens avoir appris ce poème,très difficile a mémoriser surtout lorsque l'on est une jeune enfant ... Mais c'est vraiment très beau. Merci de m'avoir raffraîchi la mémoire ! Rimbaud for ever ! Bonne soirée !
Merci...Et, belle semaine à toi
RépondreSupprimerC'est vraiment très beau, Kenza, à fleur d'eau, des mots et des couleurs, ciselés, tu sais sublimer le beau... Heureuse de retrouver cette alchimie romantique qui t'est si personnelle...
RépondreSupprimerBisous, à bientôt!
Magnifique !!
RépondreSupprimerBonjour Kenza, comment vas tu ?
C'est toujours un grand plaisir de venir te rendre visite !
Amitié
corinne
Harmonie parfaite entre ces vers de Rimbaud et ces tableaux, quel délice !
RépondreSupprimerMerci, douce journée à toi.
brigitte
C'est l'Ophélia de Millais que je préfère, "couchée dans ses longs voiles "
RépondreSupprimerMerci a vous ,
RépondreSupprimerJe rêve ,... en regardant ces si belles peintures , et ce poème . c'est très beau.
Elisabeth
J'ai toujours eu une tendresse infinie pour ce poème de Rimbaud, si difficile à apprendre.
RépondreSupprimerLe voir illustré de la sorte me ravit au plus haut point.
L'ensemble est magnifique !
J'aime beaucoup le premier tableau... quant à Rimbaud, son sens de la musicalité du langage me laisse sans voix ! Merci Kenza et bonne journée
RépondreSupprimerMerveilleux, je connais si bien, je fonds ...
RépondreSupprimerPensées pales comme l'onde de jour ... en livrée de songes ...
Une belle découverte que ce blog ; je m'y promène avec beaucoup de plaisir. Merci de nous montrer toutes ces merveilles.
RépondreSupprimerJe vais le garder précieusement dans mes favoris.
à bientôt
Si je pouvais mettre une photo, j'ajouterai l'Ophélie de PREAULT sculpture admirée au musée d'Orsay.