dimanche 27 septembre 2009

Appelez-moi par mon prénom, Nina Bouraoui

Paul Cézanne 1839-1906, Baigneurs,
Musée d'Orsay, Paris
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"Je pensais que l'art nous maintenait dans une forme de vérité."
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Le Mot de l'éditeur: Dix-sept ans après « La voyeuse interdite », huit ans après « Garçon manqué », trois ans après le prix Renaudot des « Mauvaises Pensées », Nina Bouraoui change pour la première fois de manière et de registre. Celle qui s’est vu reprocher dans sa jeunesse son écriture saccadée, ses fulgurances, celle qui nous a révélé peu à peu au fil de ses livres les amours interdites qu’elle s’autorisait, publie aujourd’hui son premier roman classique. C’est l’histoire d’une rencontre, la rencontre d’une jeune femme écrivain et de l’un de ses admirateurs, de leurs échanges, de leur passion mais aussi de leur bonheur gagné jour après jour. Nina Bouraoui a toujours intrigué son monde, elle n’est jamais là où il faut, là où on voudrait l’enfermer. Elle est un écrivain libre, libre à quarante ans de composer et de rédiger son « Amant » à elle tout en conservant sa singularité, ses propres empreintes.
Mon Avis: C'est avec délectation que j'ai lu hier soir Appelez-moi par mon prénom, dernier roman de Nina Bouraoui, (sorti en septembre 2008). Et je peux dire que je suis tombée sous le charme du roman et de cette jeune auteur couronnée par le Prix du Livre Inter 1991 pour La Voyeuse interdite et par le Prix Renaudot 2005 pour Mes mauvaises pensées.
Une histoire envoûtante, un petit poème d'amour d'une fraîcheur et d'une sensibilité à fleur de peau. Un roman d'une grande sensualité! Nina Bouraoui sait parler avec délicatesse d'une passion amoureuse qui débute grâce à la magie des mots et d'une correspondance assidue avec son admirateur, jusqu'à ses retrouvailles avec celui dont elle ne pourra plus se passer...
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Nina Bouraoui
Extrait: "Il me semblait que les oeuvres s'ajoutaient à ma vie, la transformant en profondeur. Ainsi les châteaux, les sculptures, les peintures, la musique, me façonnaient de l'intérieur. Il ne s'agissait ni de culture ni d'intelligence. Je dévorais la beauté pour qu'elle reste en moi, ne lisant jamais l'inventaire d'une collection, m'approchant très près de l'oeuvre afin d'en être irradiée. Mon expérience de l'art demeurait sensuelle, s'apparentant au désir, brutal et sans recul. J'avais toujours à l'esprit que notre temps était limité. Notre histoire se constituait de séparations et de rendez-vous. J'y voyais une forme de romantisme et l'ultime moyen peut-être de garder un amour. Notre histoire débutait d'une absence. P. m'avait aimée en me lisant, je l'avais désiré en l'épiant. Quand il rentrait à Lausanne, je retrouvais mon livre qui peinait à s'écrire, la vie à vivre me semblant plus importante que la vie à raconter. "
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Loretta Lux née en 1969 à Dresde en Allemagne,
The waiting Girl
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Avis de la Fnac : Le récit d’une passion entre l’écrivaine et un jeune artiste suisse. Un livre d’une grande force et d’une grande délicatesse.
Avec Nina Bouraoui, la finesse et l’exaltation des sentiments est toujours au rendez-vous. L’écrivaine est une écorchée vive qui ne triche pas avec les choses du cœur et du corps. Ici, elle ne déroge pas à la règle, à sa règle.
Dans ce court et tumultueux récit, la narratrice entretient une relation épistolaire soutenue avec un jeune étudiant en arts plastiques originaire de Lausanne (entendez : les mails circulent tous azimuts, question d’époque). Elle l’a rencontré un soir dans une librairie de la ville suisse et il lui a remis un petit film d’études. Premier contact, et déjà l’essentiel : l’art, l’amour, la vie, le mélange de ces trois termes…
Depuis, la figure de P. l’obsède, croît en elle, s’y ramifie, éclate en couleurs et en sentiments par tous les pores de sa peau. Ils se voient, se cherchent, se désirent…Le coup de force de ce livre ? Arrêter le récit de la passion – vif, sensuel, élégant, pudique –, au moment de son apothéose. Car seul brille l’amour. Car seul la passion, c’est-à-dire aussi la création, doit s’affirmer en triomphant du vide de la vie et de la distance physique et géographique entre les êtres.

1 commentaire:

  1. Je savais, Kenza, que je succomberais à cette tentation, la tentation de vouloir lire tout ce que Nina Bouraoui a écrit, tout , mais ce livre, surtout ce livre!
    J'ai adoré cette interview, vraiment, et cette jeune femme.. elle est belle,elle ressent une vraie passion pour la vie, pour son oeuvre, elle la transmets...
    Tout cela admirablement présenté par toi, entouré de deux oeuvres d'Art et surtout de ton point de vue... Je sais que ce sera le mien, sans aucun doute.. par affinités qui sont tellement nombreuses entre nous!

    Merci, ma Belle Kenza.. hélas oui, demain c'est lundi, mais je serai à notre rendez-vous..
    Mille et un bisous, douce nuit.. à demain!

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«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard